Miracles de la foi
Ce film est merveilleux. Dès les premières secondes, on est happés par la splendeur des images. Chacune d'entre elles est un petit bijou par son cadrage, sa photographie en noir et blanc, sa...
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le 9 sept. 2011
52 j'aime
6
Je ne sais par où commencer, ce film est simplement magnifique. Tout dans ce film converge vers la perfection. Il ne suffit qu’à un instant au film pour nous sublimer par ses images. Chaque plan du film résulte d’une mise en scène sublime, accompagnée par une photographie en noir et blanc splendide ainsi qu’un cadrage divin.
Carl Theodor Dreyer met en scène dans le film des personnages profondément médiocres et intolérants. C’est cette intolérance même qui broie les liens sociaux entre les individus. Les pères de familles, tyranniques, sont confrontés l’un à l’autre par leurs intolérances religieuses. L’athéisme du médecin et du fils est également source de conflit à la foi des autres personnages, qui expriment un manque de compassion vis-à-vis de ces derniers. Les seuls personnages pour lequel le réalisateur prend partie sont la femme et le fou. L’une a une foi modeste, l’autre a une foi démesurée. Ces deux personnages incarnent des valeurs humaines, ne jugeant pas la foi de leurs voisins. Ils rejettent un pouvoir de force et de domination par le rejet de conflits ainsi que d’imposer leurs fois.
La fin du film est troublante, bien que ce film n’est nullement chrétien, on y voit se produire un miracle. Ce miracle permet de nous violenter, car ici, le message n’est pas simple. Il confronte directement le spectateur et ses croyances quelles qu'elles soient. Cette dernière scène amplifie la force du film. Non pas que la dernière scène dans laquelle la femme et son mari se prennent dans les bras est magnifique et qu’elle est probablement ma scène préférée du film. Mais c’est à mon sens le point culminant du film qui exécute alors toute la puissance de son enjeu qui n’est d’autres que la puissance de la parole. Parce que oui, au-delà de sa brillante réflexion sur la foi et l’amour ainsi que la philosophie qu’il en résulte, Ordet est tout aussi un film sur la voix de l’homme. Alors même que le prophète est parmi eux, qui prône constamment une parole pure, les personnages ne cessent de se calomnier plutôt qu'exercer leurs fois chacun de leurs côtés. C’est cette parole qui est capable de faire naître des miracles et de changer le monde, de mettre fin aux conflits et à l'intolérance. Mais cette parole, elle ne peut être portée par l’homme, et elle ne peut être écouté par ces derniers. Vous croyez en moi mort, mais vous ne croyez pas en moi vivant.
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Créée
le 30 mai 2023
Critique lue 17 fois
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