Si tu n'y prêtes pas bien attention, la patrouille de l'aube semble tout droit issu de cette veine de films gentiment antimilitaristes et sympathiquement humanistes que l'on pouvait trouver assez régulièrement entre les deux guerres. Un truc chouette (normal: Flynn, Niven et tous leurs potes) et un brin inoffensif, emplis de bons sentiments jusqu'à la gueule. La surface de l’œuvre te cause de bravoure, d'amitié et de danger.


Et puis tu y repenses deux secondes et tu t'aperçois que t'as sans doute assisté à un des films les plus violents et implacables contre la guerre que tu n'aies jamais vu. Habitué aux grands exercices de style dans le domaine qui couvrent près de 100 ans de l'histoire du cinéma, tu as principalement en souvenir des histoires de pauvres types jetés dans la grande broyeuse, dont ils ne pourront revenir, s'ils ont cette chance, que mutilés, physiquement ou psychologiquement. On y parle presque toujours de l'horreur de l'acte et beaucoup plus rarement de son idéologie ou de sa logique.


Ici, tout le contraire. Ce sont tous de bons petits gars, vaillants et intrépides, avides d'en découdre, comme un athlète qui attend sa finale olympique. Nulle peur, nul trauma, allons les buter non de dieu.
D'ailleurs, c'est tellement du sport, on ne leur en veut tellement pas, aux adversaires, que s'ils viennent à tomber prisonniers, on trinquent avec eux, même s'ils viennent de descendre votre meilleur pote. Haha.
Cela peut paraitre inhumain, et ça l'est en partie: comment survivre autrement ?
Parce que la vérité vient d'une chanson, clamée par un des gars du mess, quand tous les rescapés des patrouilles de l'aube se biturent à en oublier une nouvelle fois le plancher des vaches. "le monde est un grand mensonge" dit la chanson reprise par la joyeuse tablée, appuyée un peu plus tard par une citation que Courtney (Flynn, nouveau représentant de la hiérarchie et autorité morale de l'escadron) confie à Scott (Niven, son ami): "l'homme est un animal sauvage, qui, régulièrement, pour faire baisser la pression, essaie de se s'auto-détruire".
Difficile de faire plus noir, profondément dérangeant et anti-institutionnel, non ?


Sinon, c'est plutôt marrant de voir Niven en jeune foufou intrépide et soiffard (quand on repense à certains de ses rôles guindés de sa fin de carrière), et puis, cette pensée transverse: j'imagine qu'il doit être particulièrement difficile d'être allemand patriote et cinéphile depuis un bon demi-siècle. Tu dois morfler un peu à longueur de projections.

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le 25 août 2016

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guyness

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