Frank Oz, Rick Moranis, Steve Martin, une plante carnivore extra-terrestre ?
C’est où qu’il faut signer ?
Frank Oz, les gars. C’est comme le père Noël dans mon esprit ; en acceptant le fait que je sois capable de ressentir la moindre once d’émerveillement teinté de féérie face à l’hypocrisie des fêtes de fin d’année.
Enfin, si je devais donner une définition de la féérie ou de l’émerveillement, puisant dans mes souvenirs d’enfance, je le ferais en deux mots : Frank puis Oz. Ou encore Dark et Crystal. Et aussi Muppet et Show. Tiens, Jim et Henson, si t’as toujours pas compris.
Ouais et aussi Yo et da.
Le bémol c’est que j’ignorais qu’il s’agissait ici de l’adaptation d’une comédie musicale. Et j’ignorais par la même occasion qu’il s’agissait d’un film musical. Si on enlève le Rocky Horror et Phantom of Paradise, je dois avouer que je déteste les films ou autres fictions dans lesquels on chante. Ça me hérisse le poil, ça me crispe, ça m’irrite les tympans, ça me gêne. Oui, je ressens une gêne devant la mièvrerie souvent de mise portée par des paroles régulièrement niaises ou naïves, sans parler d’une musique d’accompagnement tout juste fonctionnelle. Je trouve que ça fait tâche entre deux dialogues, que ça ajoute de l’artificiel au medium, que ça casse le rythme, que ça jure.
Disney, Dora, tout ça, au four ! (J’exagère un peu. Sauf pour Dora.)
J’ai donc eu du mal au début, pas aidé par une VF exécrable en ce qui concerne les passages musicaux. Il m’a fallu passer outre les voix au charisme pauvre, à peine justes, à la limite du supportable. Il m’a fallu passer outre une traduction approximative, aux rimes appauvries, au sens original vidé de sa saveur.
Ça n’en a pas l’air comme ça mais voilà ce qui a coûté 4 points sans broncher à ma notation. Je m’interroge sincèrement sur la pertinence d’un tel choix : celui de ne pas avoir conservé les voix originales en les sous-titrant. Et je regrette les erreurs flagrantes de casting musical.
Mais indéniablement, Little Shop of Horrors est bourrée de charme.
Un charme eighties de décors de studio hyper texturés, suintants, patinés, sombres, presque organiques. Des fissures, de la salissure, des affiches, des briques, du mobilier qu’on sait faux mais « on disait que », des rues, des façades, un quartier fabriqué plus vivant que nature.
Le charme de l’animatronic bluffant, animé avec une telle qualité et dans de telles mensurations qu’on croirait à de la prestidigitation.
Ce grain d’image, cette photo moite et presque lugubre, mais pas sous exposée.
Putain, Moranis, morue faite homme, geek avant l’heure, tête de nerd, mal fringué, pas fini, aussi familier qu’un cousin débile avec qui on se marrait bien petit en jouant à trap trap fantôme.
Putain, Steve Martin, dentiste sadique (pléonasme !), connard de cuir en Harley magique. Le seul moment où la VF ne m’a pas gêné d’ailleurs, c’est dire si c’est bon ! Mais quelle grosse marrade ! Le rôle de sa vie.
Putain, Bill Murray maso (pléonasme !) qui te sert —avec Martin— le fou rire culte d’une scène jouissive.
Putain mais pourquoi cette VF chantée à chier quand tu vois comment Frank ose te pondre un film qui se paie l’audace de bousculer les formes traditionnelles d’un genre aussi codé ? Pourquoi il se décarcasse à filmer avec fluidité son set lors de scènes réglées au millimètre si tu gâches tout en l’adaptant ?
Mais si le traducteur est une banane, ça fout quand même la pêche.
C’était mal barré pour que j’aime vu que ça chante, et alors que Little Shop aurait pu me faire crier un まさか !* au bout de ses une heure trente de savoir faire, de charme et d’énergie, j’ai presque envie de dire que par moments j’aurais préféré regarder cette histoire de plante en étant sourd comme un pot.
*ça alors !