Une étincelle dans la nuit

Le film « tire-larmes » par excellence qui n’hésite pas à littéralement sortir les violons pour mieux jouer avec la corde sensible du spectateur. Pourtant le procédé ne paraît jamais grossier, la pureté de l’histoire et la simplicité de la narration contrebalancent les éventuelles lourdeurs mélodramatiques de la réalisation. En quelques minutes à peine ce court-métrage sans dialogue parvient à transmettre des émotions d’une force inattendue. Comment rester insensible à la fragilité de cette petite marchande d’allumettes ? Son innocence et sa joie de vivre se heurtent de façon implacable au cynisme de la société et à la violence des éléments. Le fait que la chose soit montrée à travers le regard d’une enfant confère une force et un impact bien plus puissants à la critique sociale du propos. Le conte d’Andersen ancré dans le XIXe siècle apporte la distance nécessaire à l’adhésion pleine et entière du spectateur contemporain, et le format dessin animé plutôt inhabituel pour un drame social aussi dur génère un contraste doux/amer des plus poignants. Les ombrages numériques des années 2000 ont assez mal vieillis et ternissent un peu l’esthétique du métrage mais pas de quoi égratigner significativement le charme mélancolique de l’ensemble.