La Petite Marchande d'allumettes est une adaptation du conte d’Andersen par Jean Renoir qui met en scène Catherine Hessling, son épouse de l'époque, dans le rôle principal. Notons qu'il s'agit du dernier grand rôle de Catherine Hessling au cinéma, elle jouera ensuite dans Tire-au-flanc, sortie la même année, où elle ne fera que deux apparitions.
En cette veille de nouvel an, la jeune Karen essaye désespérément de vendre quelques allumettes à des passants pressés et hargneux. Alors qu’elle veut se réchauffer à la chaleur d’une petite allumette, elle s’endort sous un porche, et rêve qu’elle danse, qu’elle joue, dans la chaleur d’un grand magasin. Entourée de soldats de bois, la petite fille sourit et tombe amoureuse. Mais alors qu'elle profite d'un festin offert par un jeune soldat, un hussard de la mort jaillit d’une boîte à surprise. Il s'ensuit alors 5 minutes de combat à l'épée, de course poursuite dans le ciel et d'effets visuels imaginatifs comme seul Jean Renoir sait nous en produire.
La Petite Marchande d'allumettes constitue, selon moi, l'œuvre la plus aboutie de la carrière muette de Jean Renoir après La Fille de l'eau. Ce moyen métrage d'une trentaine de minutes vaut la peine qu'on s'y attarde, en particulier pour les 15 dernières minutes du film au cours desquelles Jean Renoir nous offre une fresque onirique de toute beauté. Cette œuvre du cinéma français d'avant-garde préfigure le courant du réalisme poétique, né quelques années plus tard, auquel Jean Renoir contribua grandement.