"Le Diable au Cœur" de Marcel L'Herbier a été pour moi une agréable surprise, étant donné que j'avais été très déçu par son film précédent, "Le Vertige" (1926), qui était l'un des films muets les plus ennuyeux et dépourvus d'intérêt que j'ai jamais vus.
Le film commence de manière très prometteuse avec l'idée de montrer comment une jeune fille grandit soudainement face au malheur de quelqu'un d'autre. Les sentiments naissants des deux protagonistes vont les mener à un dilemme sentimentale assez prévisible. "Le Diable au Cœur" présente deux qualités remarquables selon moi : sa photographie et son actrice principale. En effet, l'actrice qui incarne le personnage de Ludivine n'est pas n'importe qui, elle était considérée dans les années 1920 comme l’actrice préférée des Britanniques. Betty Balfour fournie une prestation particulièrement bonne, en particulier durant les 20 premières minutes du film où elle incarne une petite peste qui prend un malin plaisir à perturber le quotidien des honnêtes gens. Pour ce qui est de la photographie, L'Herbier parvient à immerger pleinement le spectateur dans l'atmosphère du village de pêcheurs ainsi que dans les décors intérieurs des maisons des protagonistes, soignés dans les moindres détails. D'ailleurs, les décors dans lesquels les personnages évoluent révèlent aussi des changements dans leur humeur et leur caractère. Par exemple, lorsque Ludivine décide d'accueillir Delphin chez elle, les rangements faits à l'intérieur de sa maison reflètent son gain en maturité.
Bien qu'objectivement "Le Diable Au Coeur" ne soit pas l'un des films les plus importants de la carrière de Marcel L'Herbier, il possède des qualités indéniables qui méritent qu'on s'y attarde. De plus, il a l'attrait supplémentaire de démontrer comment L'Herbier était capable de créer des films plus conventionnels, dépouillés des attraits supplémentaires que possèdent ses œuvres plus influencées par les expérimentations visuelles du cinéma d'avant-garde ; à savoir "l'Inhumaine" (1924) et "L'Argent" (1928).