Premier film français tourné en panchromatique, le Diable au Coeur donne lieu à des plans extérieurs de toute beauté. Et ces mêmes plans font regretter que le réalisateur se soit enfermé en intérieur plus que besoin et enfermé aussi dans des habitudes du muet (surmaquillage et certaines tics pris au genre de l'intrigue sentimentale, en autres) car Le Diable au Cœur contient des choses magnifiques et puissantes, une présence du réel forte par moment, de ce port, de son ciel et de ses enfants.
L'actrice a sans doute beaucoup regardé Lillian Gish chez Griffith et elle s'en sort souvent très bien.
Il y aussi ce travelling aussi inattendu que bienvenu lorsque la jeune fille est comme aspirée par le café-concert, un plan où la mère fait tomber la viande et où l'actrice visiblement ne peut s'empêcher de rigoler de cet imprévu et tente de cacher son rire. Un final en tempête qui finit d'inscrire le film du côté d'une intrigue plus conventionnelle, tout en étant très réussi. Film de mer qui reste tout de même à l'ombre d'Epstein et de son génie visuel, voguant entre conventions et heureuses trouvailles, entre photographie trop brillante et photographie confondante de vie captée.