Dans la foulée du visionnage, j'ai eu envie de mettre un 8 ou même un 9 sur 10 à ce film notamment à cause des moments émouvants qui m'ont attrapé. Puis, en y réfléchissant un petit peu, je me suis rendu compte qu’au final ce film ne me laissera pas de souvenirs impérissables et que je l'aurai sans doute vite oublié.
C'est dommage car c'est un bon divertissement familial mais pas un grand film. Je ne pense d’ailleurs pas que c’était l’objectif de Netflix et de la société de production alors que pourtant ça ne se joue à pas grand-chose pour qu’il passe dans la catégorie supérieure.
Côté acteurs, rien à redire : Jason Momoa en fait des caisses mais ça passe car ça reste dans le contexte. La jeune Marlow Barkley est franchement juste et ne tombe jamais dans le cliché de la fille qui a perdu un être cher et dont le deuil la transforme en rebelle asociale. Là elle aborde cette thématique avec plus de finesse, n'est jamais antipathique et au contraire très touchante. Mais celui qui sort du lot pour moi est Chris O'Dowd qui est, comme à son habitude, toujours excellent dans le rôle du bonhomme un peu paumé au grand cœur avec, ici, une gravité que je ne lui connaissais pas mais qui apporte beaucoup de nuances dans son jeu. La relation entre son personnage et celui de Nemo est touchante : on sent que les deux ne demandent qu’à s’aimer mais n’arrivent tout simplement pas à communiquer.
Ce n’était sans doute pas le but non plus mais ça n’est clairement une adaptation littérale de Little Nemo in Slumberland.
Je ne peux pas faire un procès d’intention à Netflix, n’ayant pas lu l’œuvre originale de Winsor McCay car, même si je suis un très grand lecteur de bande-dessinée, le dessin et la narration sont très datés et assez hermétiques aux lecteurs de 2022.
Toutefois, même sur ce point, ça reprend des griefs que j'ai pu avoir par exemple avec la série Mercredi Addams : au lieu de se replonger dans l'univers original, on reste en surface, focalisé sur les seuls éléments connus du grand public : le gamin qui débarque dans le monde des rêves dès qu’il s’endort : check ! Il s’y balade en pyjama : check ! À un moment, il y a un lit qui marche : check ! Et… c’est à peu près tout. Mais bon, pourquoi s'embêter ? Les gens ne connaissent que ça de l'univers et si en plus on ne les place pas dans le film, ils râleront.
Le problème, c’est qu’on passe à côté d’une myriade de personnages et surtout d’un monde bariolé. Là où, tout compte fait, il n’y a assez de folie dans les mondes visités par Nemo alors que le champ des possibles est illimité : c’est le monde des rêves, voyons !
C’est sans doute évidemment une histoire d’argent : il y a eu du budget sur ce film mais pas trop quand même. On doit être sur 95% d’effets sur fond bleu pour 5% d’effets pratiques et franchement, même si c'est très joli, ça se voit que c'est du numérique. Il y a un côté « c'est trop beau pour être vrai, trop parfait (= uncanny valley pour les robots) ». Ça sort le spectateur de sa suspension d'incrédulité là où, par exemple, il va tiquer 5 secondes sur la scène sous-marine puis totalement accepter le fait que les personnages respirent sous l'eau car après tout c'est un rêve. C'est dommage que ça fonctionne avec une telle scène mais ça soit cassé à cause d'images de montagnes ou de mers trop belles et trop lisses.
Question faiblesses narratives, on peut noter des raccourcis scénaristiques. Je pense au rôle de conseillère d’orientation ou au fait que plusieurs nuits sont nécessaires aux personnages pour traverser tous les mondes mais qu’ils fassent le retour en 2 minutes. Mais surtout, l’enchaînement aventures dans le monde du rêve / vie dans le monde réel est mécanique, chaque retour dans le monde réel cassant la dynamique installée dans le rêve. Le film essaie de lier les deux mais ça reste artificiel même si ça fonctionne à peu près sur le ressenti du spectateur : comme Nemo, on est frustré de sortir du rêve et on n’a qu’une hâte d’y retourner.
Malgré tout cela, La petite Nemo dans le monde des rêve (mon dieu, cette traduction littérale !) est un chouette film rempli d’aventures, avec une intrigue qui se tient et une jolie morale mais il y manque un soupçon de magie, un soupçon de rêve.