Chez Disney, ça marche par cycle : En 1938, ils sortent Blanche Neige, un gros succès qui lance leur industrie.
- 20 ans plus tard : La Belle au Bois Dormant. Bide (relatif.) On arrête avec les princesses.
- 30 ans plus tard : La Petite Sirène. Bim, succès qui relance l'industrie après 10 ans d'échecs commerciaux.
- 20 ans plus tard : Raiponce. Bim, succès qui relance la firme après 10 ans d'errance créative.
Je serais vous, si je devais investir dans de la Princesse, j'attendrais 2038 et le "5eme age d'or" de Disney.
En effet, La Petite Sirène marque ce qu'on appelle la "Disney Renaissance" et va donner le coup d'envoi deux ans plus tard d'une suite de 3 films cultes (La Belle et la Bête, Aladin, Le Roi Lion) qui ont permis de renflouer les caisses de Disney (en déficit depuis la production du film Le trou noir (sic)) et amorcé une décennie de films bien plus populaires.
Ce qui est marrant c'est que cette transition vers de nouvelles méthodes (utilisation d'ordinateur, fin des celluloïds et... sous-traitance en Chine) s'accompagne thématiquement d'un retour au conte et aux récits tirés de classiques de la littératures. A tel point qu'un projet *La Petite Sirèn*e avait déjà été monté par Walt Disney dans les années 30 mais n'avait pas dépassé l'état de storyboard. (Ce qui en fait techniquement le Disney à avoir la pré-production la plus longue.)
Si aujourd'hui, Ariel est un peu critiqué pour son côté peu héroïque (c'est elle qui provoque la catastrophe en signant un contrat, elle tombe "amoureuse au premier regard" se laisse guider par les autres et... c'est son copain qui tue la méchante) quand on la compare aux princesses précédantes (Blanche Neige, Cendrillon et Aurore) il y a un bond énorme.
On est très loin de la petite chose fragile et passive, lisse et qui rêve juste d'un mariage. Elle est dynamique, frondeuse, parfois assez gaffeuse... et surtout elle se comporte vraiment comme une adolescente de 16 ans, là où les autres étaient déjà des modèles de femme à marier. Rien que le fait qu'elle soit tellement passionné par ses trucs qu'elle en oublie qu'elle doit donner un spectacle en dit long sur sa personnalité.
Idem pour sa relation avec Éric. Auparavant on critiquait Disney parce qu'une fille partait avec un garçon sans trop le connaitre ? Du coup, on va faire gagner la méchante parce que le garçon a mis trop de temps à tourner autour du pot. (Il y a un peu la même idée du "s'ils s'étaient déclarés leur amour plus tôt on en serait pas là" dans La Belle et la Bête.) Après, Eric était à l'époque le prince Disney avec le plus de personnalité et je dois avouer que s'il est un peu "lisse" il reste assez classe : le gars est gentil avec son entourage, il sait se montrer badass, et lorsqu'il héberge une jeune fille superbe, pauvre et muette, il n'abuse pas d'elle et lui fait la cour dans les règles de l'art. (Eric est un bon gars, soyez comme Eric.)
Je trouve que le film est assez représentatif de l'époque : avec une moitié "histoire tragique" et une moitié "petits animaux rigolos qui font des conneries." On sent qu'ils étaient encore assez frileux et Jeffrey Katzenberg, le président de Walt Disney Pictures, à l'époque, voulu supprimer la partie chantée "j'aimerais partir là bas" parce qu'il avait vu un gamin s'ennuyer à la projection test.
Si j'ai un reproche à faire, c'est surtout qu'ils ont voulus parfois en faire trop pour les jeunes enfants et ça se solde par Polochon, qui concrètement ne sert à rien mis à part donner la réplique à Ariel et avoir un personnage avec une voix d'enfants. (Niveau comique Eureka et Sebastien s'en charge bien mieux.) Par contre, niveau personnage adulte, c'est assez niquel. Posseid... heu... Triton est une figure paternelle intéressante et Ursula défonce tout. Ils sont très fort pour les méchants, elle est parfaitement odieuse. Pile ce qu'il faut.
J'ai du mal à juger ce film parce qu'il ne m'a pas étonné : je connaissais assez bien l'histoire jusqu'à la moitié et je fus assez surpris du nombre de scènes à tendance comique se passant dans le château du Prince. Je me suis aperçu aussi que je connaissais surtout l'histoire à cause des Gifs animés que j'avais vu partout (celui culte avec la vague qui lui explose dans le dos) et les gags sur hipster Ariel. (Vous saviez que Disney avait carrément fait du marchandising sur ce mème ? Bon, des figurines Pop, mais c'est déj ça.)
Idem pour les chansons : je les connaissais déjà, vus que c'est ma génération et que ça a été chanté et re-chanté (notamment dans les compils de chansons Disney à Noel.) Le passage du cuisinier qui chante "Les Poissons" avec des mots français random dans la V.O. m'a bien fait rire. (Bah oui, j'ai maté ce film en V.O. qu'est ce que tu va faire ?)
Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Pourquoi pas. Certains passages sont un petit peu flippant notamment les créatures piégées chez Ursula, mais je pense que ça passe.
Possibilité de remake : Durant le film je me suis dit "ha ça serait rigolo de faire un film où un gus vit sur terre et échange ses jambes contre des nageoires afin de draguer une sirène." Et puis, je me suis aperçu que c'était le scénario de La Petite Sirène 2 ! Ou alors, celle d'un mec qui signe un contrat pour draguer une sirène et du coup, il se retrouve avec une paire de jambes supplémentaires, il a 4 jambes et du coup, il passe pour un con.
Le détail qui m'agace : Eric et ses amis font exploser des feux d'artifices à bord de leur navire... en bois. Et après ça va s'étonner de faire naufrage !
Suis-je le seul ? A me dire qu'à la place des soeurs d'Ariel, j'aurais le seum d'être reléguée à de la quasi-figuration.