Ok, deux points avant de débuter réellement cette critique.
Tout d'abord, je ne suis pas spécialement fan du dessin animé d'origine. J'ai dû le voir deux ou trois fois grand max, donc mes souvenirs sont relativement flous et, surtout, je n'y ai pas d'attachement particulier (contrairement au Roi Lion dont j'ai défoncé le remake dans les grandes largeurs).
Ensuite, je m'en tamponne royalement les nageoires de la couleur de peau de l'actrice choisie pour jouer Ariel. Je veux dire : où est-ce qu'il est écrit que les sirènes sont nécessairement blanches de peau ? Nulle part. Et la faune marine étant de toutes les couleurs possibles et imaginables, pourquoi les sirènes ne pourraient donc pas arborer un beau teint chocolat ?
Voilà, ceci posé, on peut commencer à parler sérieusement.
Déjà, le film est plus long que l'original (c'est ce qui nous avait rebuté, une amie et moi, à aller le voir au cinéma parce qu'on ne voyait pas l'intérêt de passer plus de deux heures à suivre une histoire qu'on connaissait déjà) et cela s'explique par l'ajout de chansons et de quelques scènes destinées à renforcer le lien entre Eric et Ariel. Alors, pour les scènes, je dis "pourquoi pas", mais pour les chansons... ce n'était pas toujours indispensable.
Entre Eric qui a l'air d'en avoir un coup dans le nez, Ursula qui raconte tout son plan aux spectateurs et Ariel qui décrit toutes ses émotions, était-ce réellement nécessaire ? La réponse est "non". A la base, quand les acteurs jouent bien et que le scénario est bien ficelé, il n'y a aucune nécessité à tout expliquer au public. Le problème est que, désormais, les gens sont tellement pris pour des demeurés par les boîtes de production qu'elles ne peuvent s'empêcher de rajouter des passages où les personnages brisent le quatrième mur pour raconter leur vie (des fois qu'on aurait eu du mal à piger que le prince n'a pas reconnu Ariel comme étant la fille qu'il recherche puisqu'elle a perdu sa voix. C'est vrai que c'est extrêmement compliqué à comprendre, n'est-ce pas ?). Alors déjà que des vrais gens qui se mettent d'un seul coup à chanter au milieu de la rue, ça fait toujours bizarre, mais si c'est en plus pour digresser sur un truc qu'on a déjà compris, ça en devient encore plus absurde.
Surtout que le film n'est, de base, pas exempt d'absurdités. Et je ne parle pas là de la mixité "raciale" des sirènes (on a compris que Triton fait comme les marins, il a une femme dans chaque port et donc une fille dans chaque mer) ou de l'adoption d'Eric par un couple de couleur (on est dans les Caraïbes et ça justifie le fait qu'Eric ne se comporte pas comme un prince), mais je parle plutôt du reste.
Quel était l'intérêt de faire d'Ursula la sœur de Triton ? Pourquoi ce lien de parenté soudain, alors que ça n'a absolument aucune espèce d'impact sur l'histoire ?
Ensuite,
j'ai rêvé ou l'une des sœurs d'Ariel sous-entend qu'elles ont la même mère ? Si c'est le cas, il va falloir m'expliquer comment elles peuvent être aussi différentes les unes des autres.
Ou encore :
comment expliquer qu'Ariel peut, lors de la bataille finale, s'appuyer sur la roue du bateau sans que celle-ci ne tourne, alors qu'elle le fera quelques instants plus tard quand la sirène dirigera ledit bateau vers sa tante Ursula ? J'imagine que c'est parce qu'elle a dû être taillée en bois de scénarium.
Bref, c'est bien gentil de vouloir étoffer l'histoire d'origine ou de rajouter deux-trois scènes de bravoure en plus, mais encore faut-il que ce ne soit pas synonyme de prise de pied dans le tapis.
D'autant plus que visuellement, on oscille entre le très beau (globalement, les sirènes ont des mouvements fluides ; le passage "Sous l'océan" est très chouette bien qu'il joue avec le réalisme de la faune et la flore sous-marine, et la bioluminescence des murènes et d'Ursula est intéressante) et le passable (Sébastien est moyen, Polochon mérite l'euthanasie, le requin qui attaque Ariel et Polochon au début (parce que, c'est bien connu, les requins sont bien plus dangereux qu'un banc de méduses...) est affreux, les sirènes fixes font terriblement artificielles, etc.).
Pour résumer, cette refonte est tout à fait dispensable puisqu'elle n'apporte rien de nouveau. Pire, elle empile les poncifs et les incohérences avec la subtilité d'un char d'assaut, et si vous êtes câblé jusqu'en haut, vous risquez de grincer des dents un certain nombre de fois.
De fait, à nouveau, je ne saurais trop que vous conseiller de voir ou revoir le dessin animé pour passer un bon moment.