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En 1941, John Huston avait adapté le roman de W.R. Burnett pour « HIGH SIERRA » tourné par Raoul Walsh qui en fera sept ans plus tard un remake westernisé intitulé « La fille du désert ».
En 1955, c’est ici W.R. Burnett lui-même qui adapte son propre roman et signe le scénario. Stuart Heisler tourne en scope et en couleur et c’est Jack Palance qui incarne le gangster face à son destin.
J’avais bien aimé Bogart et Lupino et je suis très amateur de l’esthétique N&B. Je ne me laisserai pas aller à une comparaison des différentes versions (je ne me souviens d’ailleurs pas avoir visionné « La fille du désert »). Mais je reconnais que j’appréhendais un peu la découverte de « La peur au ventre » car Heisler n’a pas la filmographie de Walsh et je me souvenais que Jack Palance avait eu, quelquefois, tendance à surjouer.
Alors c’est aussi avec une petite peur au ventre que j’ai commencé mon visionnage. Et bien je dois dire que j’ai été vite rassuré. Ce second remake en écran large met bien en valeur les décors montagneux si importants dans cette histoire. Palance est assez sobre et convaincant, je dirais même qu’il est là un grand acteur qui montre à quel point sa carrière a été gâchée par un emploi réduit à des rôles de « gueule ». Il est ici un ex homme fort inquiet et même angoissé qui veut maintenir pour ce dernier coup sa maîtrise professionnelle et émotionnelle. Malgré cette volonté et cette « expérience », le malfrat est fatigué et son visage dur se fragilise. Sans affectivité, Jack Palance donne une vie intérieure à son personnage. Shelley Winters est, comme presque toujours, parfaite en fille modeste un peu dépassée par les évènements qui aime vraiment pour ne pas être seule et qui accepte de donner beaucoup et de ne recevoir qu’un peu. Lee Marvin est, sans surprise, un parfait jeune voyou imbécile et violent. On retrouve aussi avec plaisir un vieil habitué du genre « petite frappe » : Earl Holliman
Lori Nelson (Velma) est limpide en révélatrice involontaire de la vraie personnalité du « héros » et de la brutalité simple des illusions. Velma est, à mon sens, le personnage central de l’histoire.
Enfin, Pard, le chien figurant le destin, est également talentueux.
Je ne sais pas comment aurait été perçu « LA PEUR AU VENTRE » s’il n’y avait pas eu le Walsh-Bogart qui le maintient dans une ombre injuste ; je veux croire qu’il serait devenu un classique car c’est un bon et intelligent film noir et un grand rôle de Jack Palance dont je vais m’empresser de revisiter la filmographie.
A noter l’apparition fugace du jeune Dennis Hopper en danseur de rock propret.