Un galop de 4 avant-premières Marseillaises de la production hier soir pour présenter la dernière prestation de sa troupe. Un film assez paresseux qui bascule vite dans un melo décousu, improbable et sans surprise hélas.
D'abord un décor d'un Estaque de crèche - qui n'existe globalement plus depuis longtemps ! - et dont on pressent que Robert Guediguian, éternellement amoureux du quartier , n'y vit peut-être plus .
Côté photographie , on se rapproche donc d'un catalogue filmé d'office du tourisme avec tous les chromos du quartier côté plage. On sait que c'est son style de réalisation assumé mais l'effet visuel est vraiment appuyé : il manquait plus que les 3 magasins de chichis et on avait la "totale" à l'écran !.
La nostalgie d'un vieux réalisateur désormais déconnecté d'un Marseille violent et communautaire commence à faire pencher les évolutions de la troupe vers un côté touchant et passéiste. Elle tente toutefois de se rajeunir mais surtout pas de se réinventer. On peut faire un bon film avec des bons sentiments mais c'est encore plus difficile !.
Or, cette carte postale qui s'obstine à garder son esthétique du siècle dernier devient pesante car elle revendique une zone de confort trop décorative, trop cliché.
Sur les terrasses de l'Estaque, Robert Guedigian regarde la mer et veut toujours croire qu'elle apaisera les crises de famille. Est ce que cette intention poétique et humaniste suffit pour raconter de belles histoires contemporaires ? Ce film écrit à quatre mains se complet dans des scenettes de théâtre de sous préfecture.
Ariane Ascaride essaye de sauver le film avec son caractère toujours bien décalé mais déterminé face aux situations des précaires : elle est assez isolée pour la réplique. Jean Pierre Daroussin déclame du Victor Hugo au Commissariat mais il peine dans sa diction . Grégoire Leprince représente la vision qu'à Robert Guediguian sur l'esprit de la nouvelle bourgeoisie , il est crédible excepté la scène lunaire du coup de foudre qui est tout simplement ridicule .
Côté bande son, il y a un peu plus d'audace mais l'essai n'a pas été transformé. Sa caméra n'a pas assez fait preuve de créativité lors de ces intermèdes musicaux au piano intéressants. Autre frustration.
Entre les séries hystériques Netflix sur Marseille et Robert Guediguian usé, Marseille attends donc son nouveau grand réalisateur connecté dans le réel .
On a préféré en 2024 le Robert Guediguian producteur pour le magnifique film "la fanfare" . Peut être que ce métier lui convient maintenant mieux sachant qu'il est politiquement désenchanté... : il aime vraiment toujours le cinema et ça se sent ... même dans ses mauvais films !
Notons qu' il donne désormais un point de vu encore plus lucide sur la nature humaine par rapport à sa première période de films. Gérard Méylan incarne la feignantise et la lâcheté . Il n'est plus le jeune premier combinard évidemment mais il n'est plus du tout sympathique. Marilou Assilou incarne une bombe sexuelle coincée dans ses contradictions . Il y a aussi un peu plus de désenchantement moral dans la maturité de Robert Guediguian.