Paul Château-Têtard, vieux garçon de 45 ans etabli dans le 16e arrondissement de Paris, prend le métro pour la première fois de sa vie et tombe amoureux d’une jeune guichetière, Ava. Leur mariage n’est pas du goût de « maman », Adélaïde Château-Têtard. Une guerre sans pitié s’engage entre les deux femmes, la Reine-mère étant persuadée qu’Ava trompe son fils.

La pièce rapportée est une comédie d' Antonin Peretjatko de 2020. Il s'agit de l'adaptation d'une nouvelle de huit pages de la dramaturge Noëlle Renaude (parue dans les années 1980 dans le magazine Bonne Soirée).

La pièce rapportée est une comédie plaisante résolument originale.

Ava ment comme elle respire

A la fois décalé et absurde, ce vaudeville a beaucoup d'atouts, à commencer par son personnage prinicipal, Ava (Anais Demoustier), une jeune femme insouciante, décomplexée et plutôt chanceuse. Elle fait la connaissance de Paul Chateau-Têtard (Philippe Katerine), un vieux garçon, héritier de la fortune familiale. Celui ci la demande en mariage. Dans un premier temps, la mère du marié (Josiane Balasko) espère la venue d'un héritier...qui n'arrive pas. Ava s'ennuie dans le luxueux hôtel particulier. Elle a la fâcheuse habitude de disparaitre des journées entières. Menteuse compulsive, elle prétend fréquenter les musées, même le mardi jour de fermeture hebdomadaire. Elle a un amant prénommé Jérôme (William Lebghil). Sa belle mère doute tellement d'Ava qu'elle engage un détective. Un jeu du chat et de la souris commence.

Les ressorts de cette comédie sont inventifs et parfois inattendus.

Le film repose sur un récit plaisant alimenté par une voix off pleine d'humour qui n'hésite pas à prendre parti lorsqu'elle rapporte par exemple les pensées aigres de Madame Chateau-Tétard pour sa belle fille. La pièce rapportée "colle" à l'actualité: des gilets jaunes à la théorie du ruissellement, en passant par la suppression de l’ISF et le campement de tentes au nord de Paris, La Pièce rapportée fait souvent référence avec ironie à la France contemporaine. Madame Tétard mère, paraplégique depuis un accident de chasse, entretient une liaison avec son chauffeur Raoul (Sergi Lopez). Pour l'aider dans ses déplacements, elle bénéficie d'un monte charge baptisé Pinochet et de prothèses mécaniques téléguidées qui lui permettent de joindre le geste et les actions répressives au service de son mauvais caractère. L'enquêteur désigné pour filer Ava n'est autre...que son amant.

Vous l'aurez compris, ce vaudeville, qui contient nombre de quiproquos, a tout d'une pièce de Feydau.

Coté réalisation, Antonin Peretjatko donne vraiment dans l'original avec certaines scènes inattendues (Le boxer de la maison, assis sur ses pattes arrières, fume la pipe...). A la suite d'une "bataille navale improvisée" sur un lac du Bois de Boulogne avec un couple d'anglais revanchards, Ava et son amant, tombés à l'eau, se déshabillent et se font voler leurs vêtements par ces mêmes anglais. Ava, complètement nue, se voie contrainte de voyager dans un étui de contrebasse volé par jérôme qu'il véhicule jusqu'à une salle de spectacle pour un concert classique organisé...par sa belle mère.Cette saillie comique est inspirée d'un roman de Tchekhov, Le roman d'une contrebasse.

Une question n'est pas résolue: Ava est elle une jouisseuse décomplexée ou une mythomane manipulatrice? En tous les cas, Anais Demoustier fait passer ses écarts quotidiens avec une grande spontaneité.

Pour résumer, on tient avec La pièce rapportée une comédie agréable et bien interprétée qui ne manque ni d'atouts ni de fraîcheur.

Bande annonce

Ma note: 6/10

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