Vaudeville absurde

En trois films, Antonin Peretjatko a su s'imposer comme un réalisateur de la comédie absurde, avec un côté certes sophistiqué mais tout à fait accessible au grand public. Pour preuve, ce nouveau cru où il part d'une histoire tout ce qu'il y a de plus banale. Soit un vaudeville avec le mari (Philippe Katerine), la femme (Anaïs Demoustier), l'amant dans le placard (William Lebghil) et la belle-mère soucieuse (Josiane Balasko). Et si possible, l'amant qui est en fait un détective engagé par la belle-mère pour surveiller la femme avec qui il couche. Sans que la femme ne soit au courant. Ce qui donne une série de quiproquos jubilatoires où l'amant dit quelque chose à la belle-mère qui va donc le suggérer à sa belle-fille, qui va évidemment dire totalement autre chose, entraînant une suspicion de plus en plus délirante.

Peretjatko s'amuse de la situation jusqu'à la fin avec un dénouement frappadingue où Josiane Balasko s'en donne à cœur joie (probablement son meilleur rôle dans une comédie depuis... oula !) et avec un Philippe Katerine génialement crédule. Le film a beau être incroyablement simple dans son déroulement, il amuse en mettant les personnages dans des situations incroyables, comme cet affrontement français-anglais qui entraîne là encore une série de quiproquos phénoménaux.

C'est par cette tendance à aller toujours plus loin dans l'improbable que La pièce rapportée n'en devient que plus drôle. Parce qu'il faut voir Josiane Balasko avec son attirail robotique qui ferait peur à Alex Murphy ou la femme de ménage Conchita (Joselyne Augier) qui a des yeux et des oreilles partout (par contre, le dos c'est moins le cas). Sans compter toutes les allusions à la lutte des classes (l'héroïne est une simple employée du métro, sa belle-famille est pleine aux as), engendrant un sacré fou-rire à l'évocation d'une certaine taxe.

Tout le casting semble s'amuser à jouer à ce jeu de l'improbable, interprétant soit les grands naïfs, soit les personnages moins stupides qu'ils n'y paraissent mais ayant leurs moments de faiblesse en temps voulu. La pièce rapportée ne fera pas les scores de certaines grosses comédies françaises, mais il gagnera certainement une petite aura au même titre que La fille du 14 juillet (2013) et La loi de la jungle (2016) en leur temps.