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Une belle trajectoire mais qui manque de ricochets

L'une des mes déceptions de cette édition de "toute la mémoire du monde - 2018 " fut de n'avoir pas pu profiter des films hongrois comme je l'aurais voulu. La pierre lancée constitue donc ma séance de ce mini cycle et l'un des meilleurs films découverts durant cette petite semaine.


Le film n'est pourtant pas le plus facile d'accès avec une narration embrumée sur laquelle on n'a pas beaucoup d'emprise si ce n'est un personnages central et le vague contexte politique. En reposant sur beaucoup d'ellipses et de non-dits, il règne rapidement un sentiment un peu dérangeant d'instabilité, d'impuissance. Ce n'est pas une faiblesse de Sara qui co-signe son scénario (en grande partie autobiographique) mais bien une volonté de reproduire la paranoïa – teinté d'absurdité kafkaienne – qui plane sur la population hongroise.
Dès le début, le père de l'alter-ego du cinéaste est arrêté pour avoir fait stopper deux minutes un train afin de saluer un gradé, ancien camarade de l'armée, comme il était prévu dans le calendrier officiel. D'autres événements de ce genre se produiront, conduisant à des actes tragiques à l'instar de fermiers emprisonnés à la suite d'une projection d'un film de propagande en plein air, prétexte à un chantage pour réquisitionner leurs terrains. Et bien-sûr la dernière et célèbre séquence.
La pierre lancée avance donc de manière un peu décousue et précaire comme le font les personnages qui marchent en permanence sur des œufs. Ca n'exclut pas en revanche quelques vrais errements, notamment la dernière séquence où des tziganes se font tondre en prévention d'épidémies de poux. Moment glaçant et presque tétanisant mais qui arrive un peu comme un "cheveu" dans la soupe.
Au delà de ces choix de narrations pas toujours évident, la réalisation est tellement somptueuse qu'elle peut se suivre juste pour le plaisir des yeux. Avant ce premier long-métrage, Sandor Sara était l'un des grands directeurs de photographie et ça se sent à chaque plan. Le noir et blanc est magnifique et le format large est utilisé de manière virtuose avec des compositions de plans à chaque fois d'une beauté à couper le souffle avec des moments d'une vraie grâce poétique tels ces plans inversés (captés par l'appareil de relevé topographique) ou les charrettes occupant différentes parcelles agricoles lors de la projection en plein air.


C'est tout de même un film qui mérite un accompagnement et une contextualisation pour ne pas se sentir trop passif.

anthonyplu
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le 20 juin 2018

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