Troisième film de Satyajit Ray, et donc premier à sortir d'une inspiration autobiographique, cette pierre philosophale est un joli conte morale et fantastique même si son postulat montre quelques faiblesses en cours de route et que Ray semble se demander à un moment s'il va pouvoir raconter une histoire avec ce sujet. Au vu de son potentiel, le déroulement de l'histoire (et sa conclusion) paraissent un peu faible et ne se montrent que partiellement à la hauteur des possibilités et de ses richesses thématiques.
Il y a donc 15-20 minutes un peu faible où l'histoire ne progresse pas vraiment après un premier tiers réussi où l'humour se mêle adroitement à une certain pessimisme avec quelques passages bien écrits : Dutta se mettant à pleurer dans sa chambre après avoir compris ce qu'il lui arrivait, ses rêves de grandeur (et de statues à son effigie), son inquiétude face au pouvoir de la pierre philosophale, son escapade en taxi après avoir touché la vente de l'or qui le conduit devant une déchetterie pleine de pièces rouillées, son serviteur devant changer de costumes selon le rôle qu'il doit prendre...
C'est assez juste, avec un duo plutôt touchant pour un choix de comédiens original où Ray opte un homme de 50 ans, corpulent, à moitié chauve et aux dents gâtées, loin des rôles de jeunes premiers. C'est assez payant en tout cas et on s'attache très rapidement à lui.


La suite semble donc avancer à tâtons avant de choisir la facilité pour une dernière partie plus légère et moins ambitieuse, tout en fonctionnant d'un pur point de vue narratif. Mais j'aurais voulu que le film aille plus loin dans sa véritable dimension de fable où la population est soudainement paniquée en découvrant l'existence d'un tel pouvoir qui risque de tuer l'économie et les quelques richesses des plus démunis en dévaluant complétement la valeur de l'or.
Cependant, le film est globalement bien rythmé, bien interprété et possède une réalisation maîtrisée à grand renfort de nombreux mouvements de grues sans tomber dans le tape à l'œil démonstratif.
Assez d'éléments qui donnent envie de réhabiliter ce film peu connu d'un début de carrière il faut bien dire admirable et remarquable.

anthonyplu
6
Écrit par

Créée

le 19 nov. 2016

Critique lue 299 fois

anthonyplu

Écrit par

Critique lue 299 fois

Du même critique

A Taxi Driver
anthonyplu
7

Maybe you can drive my car

L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...

le 22 oct. 2017

16 j'aime

1

Absences répétées
anthonyplu
9

Absences remarquées

N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...

le 8 oct. 2014

11 j'aime

2

Daisy Miller
anthonyplu
8

Miller's time

Devenu extrêmement rare, cette adaptation de Henry James est pourtant une merveille d'intelligence et d'écriture grâce à la structure du récit et à l"évolution de sa mise en scène au travers de ses...

le 17 avr. 2017

10 j'aime