De la chrysalide d'un film d'ambiance naît un drame

La première baignade de l'année vous fatigue toujours.

Au départ, La Piscine est un film d'ambiance enviable ; le décor, les acteurs, les vêtements, leurs boissons et leurs discussions sont aussi palpables que le soleil qui vous caresse la peau un été. Puis, deux nouveaux personnages et un nouvel événement provoquent une onde qui vient troubler la surface de cette piscine paisible.

L'intrigue est simple, peut-être simpliste, et se raconte en cinq minutes. Mais c'est ce qui fait tout son charme ; elle est réaliste. La Piscine de Deray résulte du choix de laisser passer en arrière-plan les intrications clés du récit. Marianne (Romy Schneider) désirait-elle vraiment Harry (Maurice Ronet) ? Jean-Paul Leroy (Alain Delon) a-t-il couché avec Pénélope (Jane Birkin) ? Marianne a-t-elle fini par pardonner à Jean-Paul ? On ne le saura jamais.

Ça [la piscine], c'est la plus belle chose de la maison !

Finalement, La Piscine est mise en abyme par la piscine. Tout se joue dans un plan d'eau qui concentre toutes les passions et toutes les tensions. En l'espace d'un film, on y voit Eros, et Thanatos ; la farniente provençale typique, et la pool-party endiablée (celle de quand descend sur Saint-Tropez). C'est la plus belle chose de la maison mais Marianne ne pourra plus s'y baigner après ce qui s'y est passé.

Les acteurs incarnent leur personnage au point qu'on ne saurait imaginer d'autres pour le faire à leur place. Birkin est d'une légèreté insoutenable, Ronet vit pleinement l'accès de fureur d'Harry, Schneider est une icône de sensualité et d'affection, et Delon semble ne pas avoir besoin de jouer la passivité nerveuse et maladive de son personnage. Bref, La Piscine est un été trop court, parfait pour célébrer Alain Delon après son décès. Qu'il repose en paix.