Un des plus grands classiques de la SF, que j’avais vu y’a un petit moment maintenant. Profitant d’avoir le roman de Pierre Boulle frai dans ma tête, j’ai décidé de m’y remettre enfin (d’autant plus qu’il me manquait les 10 première minutes). Que ressort-il de cette nouvelle séance ? Que le film, mis à part dans sa dernière partie, s’avère être extrêmement fidèle à l’œuvre originale, reprenant chacun des moments phares. C’est une très bonne adaptation, qui même s’il y a des différences et fait porter un autre message, a réussi rester fidèle tout en faisant avec son budget limité. Une réussite donc.
Malheureusement, on perd un peu de la saveur particulière qu’avait l’œuvre de Boulle, cette atmosphère assez particulière transcendée dans son final (qui est ici différent). Et puis, il n’y a pas cet aspect primordial qui faisait le cœur du roman original : que les singes singent les humains en général et ne progressent donc pas (même si cet aspect-ci est abordé avec Cornélius et Zaius).
Sur le film lui-même, je le trouve extraordinairement bien équilibré. Il n’y a pas de longueurs, pas même dans la première partie où les trois astronautes portent le films seuls dans un désert. Tout cela met en place une ambiance qui se construit peu à peu jusqu’à la première révélation du film : les singes dominent la planète. De là commence une seconde partie plutôt intéressante dans la façon dont Taylor va essayer de se faire reconnaître. Cette relation avec Zira, Cornélius (bien plus exploité) ou Zaius est vraiment bien construite. Le rythme n’est pas forcément tonitruant, mais tout est parfaitement rythmé pour nous mener jusqu’à la dernière partie qui fait monter peu à peu à la pression jusqu’au twist final, l’un des plus célèbre de l’histoire.
Charlton Heston porte à merveille le film sur ses épaules, dans un rôle qui lui convient parfaitement, ce mélange de pro-américanisme désabusé et cynique. Les acteurs simiens sont bien sûr admirables, mais on retiendra l’incroyable effort fait sur les costumes (j’aime beaucoup comment chaque espèce se distingue par ses couleurs) et le maquillage. Certes, on voit que c’est des humains en-dessous et mis à part quelques mimiques, ça ne fait pas très singes ; mais cela renforce l’aspect du film et son lien avec le livre (où le héros finit par confondre singes et humains dans leurs comportements).
Linda Harrison, enfin, propose également quelque chose d’intéressant. Bien sûr, son rôle est extrêmement sexiste (mais le personnage l’était déjà dans le livre), et on ne peut pas vraiment parler de rôle féminin fort dans son cas ; mais j’ai beaucoup apprécié la façon dont elle réussit à faire perdre toute la lueur « d’âme » dans le personnage de Nova, ce qui est sa caractéristique principale.
Techniquement, j’ai déjà parlé des costumes et des maquillages extraordinaires, pas la peine de revenir sur ce qui est unanimement salué. J’ai beaucoup apprécié la musique de Jerry Goldsmith : de par ses sonorités, elle crée un sentiment de malaise qui nous dérange, comme pour refléter le caractère aberrant de cette planète, le tout accompagné par des passages extrêmement simiens. Bien sûr, il n’y a pas véritablement de souffle épique comme on peut le voir de nos jours dans la SF (ou même dramatique pour souligner le twist final), mais cette musique sert extrêmement bien le film : simple et terriblement efficace. Les effets spéciaux sont au final très discrets mais fonctionnent globalement très bien.
Les décors tranchent avec le livre (faute de moyens), mais renforcent justement le caractère post-apo de l’histoire et son atmosphère général. Et puis, encore une fois, ce plan final iconique. Niveau mise en scène, on est là aussi dans du très classique pour les années 60, mais j’ai beaucoup apprécié la simplicité d’exécution, sans fioritures (et plusieurs plans très marquant). C’est surtout le jeu avec les décors, pour accentuer le côté dévasté du désert dans la première partie, ou nous introduire à l’univers en place lors de la fuite de Taylor.
La Planète des singes cru 1968 se révèle donc être non seulement un très bon film de SF, mais également une très bonne adaptation. On perd peut-être le message principal du roman, mais la puissance de son twist final en est tout aussi importante (et pour ma part, je préfère ce qu’il implique sur l’évolution de la planète).