La Planète des singes par Lonewolf
Si la seconde adaptation signée Tim Burton n’est pas la daube infâme décrite par pas mal malgré le fait qu’il s’agisse clairement d’un pur film de commande, force est de constater que son orientation très action est loin d’égaler la profondeur de ce premier film, malgré une organisation sociale des singes moins caricaturale que la simple inversion des rôles présentée ici.
En plaçant les dominateurs racistes dans la peau des dominés victimes, c’est tout le dévoiement du système social qui est montré, avec ses inégalités persistantes et ses préjugés. Je vous laisse imaginer l’impact à l’époque de la sortie (avec le contexte du combat des Noirs pour leurs droits, la guerre du Viêt Nam, Malcolm X assassiné en 1964, Martin Luther King la même année que la sortie du film…).
Une impitoyable critique sociale démontrant toute l’absurdité d’une société fondée sur la religion, les préjugés, et l’absence de réflexion (l’œil avisé notera la réutilisation des singes de la sagesse sur l’une des scènes les plus importantes), et qui soulève au final la question de la prolifération nucléaire.
Et si le fond est parfait, la forme est à l’avenant. Les acteurs sont excellents, le maquillage de singe est bluffant encore aujourd’hui (on notera d’ailleurs que les singes de la version Burton sont également des acteurs costumés et maquillés, pas de SFX non plus), les paysages sont magnifiques, la séquence de la chasse assomme toujours autant et, si les dialogues peuvent paraître un peu convenus, ils n’ont pas vraiment perdu de leur efficacité.
Peu d’action, mais beaucoup de réflexion, pour une perle du cinéma de science-fiction et d’anticipation envers laquelle le seul reproche qui me vient à l’esprit est la vague de suites…