La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume a tout du projet casse-gueule et opportuniste.
Et en plus, quand il hisse le pavois du méchant Disney, les anti-Mickey viennent joindre leur grosse voix à la meute.
Mais il faut reconnaître que la trilogie de Rupert Wyatt reprise par Matt Reeves a tout de ce que le système de blockbusters franchisés a pu offrir de mieux, ces dernières années, en matière d'effets spéciaux chocs, de sincérité et de cœur à l'ouvrage.
Difficile par ailleurs de considérer Wes Ball à la hauteur de ses deux confrères. Et si l'on pense immédiatement aux deux opus de Matt Reeves, le masqué gardera quant à lui une tendresse toute particulière pour Les Origines, menées d'une main de maître par un Rupert Wyatt tutoyant, à ses yeux, des sommets.
Difficile de partir gagnant, donc.
Wes Ball avait-il cela en tête ?
Peut être pas, à la réflexion. Car s'il paie son tribut à César dans une séquence émouvante, c'est pour mieux le brûler et signaler que pas mal de générations sont passées avant de réellement prendre à son compte l'univers de La Planète des Singes. Qui n'a pas si évolué que cela. Mais la société clanique primitive illustrée sera une nouvelle occasion de s'émerveiller sur la beauté des effets spéciaux donnant vie à des singes photoréalistes, au sein d'une nature souveraine qui a repris ses droits sur la civilisation, offrant au passage quelques superbes décors et images post-apocalyptiques inspirés.
Si l'on devait regarder vers quoi tend davantage Le Nouveau Royaume de Wes Ball, il faudrait se tourner vers l'opus original de 1968, dès lors qu'il en réinvente la scène forte de chasse aux humains ou encore son errance sur une plage furieusement évocatrice de l'atmosphère matricielle, au point où l'on attendrait presque à voir surgir, à nouveau, ce plan mythique de la statue de la liberté.
Avant de se rendre compte que la scène inaugurale n'était pas uniquement destinée à se débarrasser d'un héritage encombrant. Car César est érigé en véritable figure christique mais dont les enseignements et la philosophie n'en sont que mieux dévoyés. Un héritage devenu fanatisme, instillant une nouvelle thématique dans une franchise déjà riche de sens. Soit une perversion viciant ce nouveau royaume en train d'émerger, et qui ne peut finalement s'empêcher de lorgner et de prendre exemple sur son pire ennemi : l'homme.
C'est l'occasion pour Wes Ball de mettre en scène une nouvelle Nova (qui abandonnera par ailleurs rapidement ce nom) moins innocente, plus trouble dans ses intentions et refusant littéralement l'existence de ce nouvel ordre des choses. Et de poser une question plutôt culottée sur la fin de règne de l'humanité.
La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume ne manque pas de bonnes idées ni de grand spectacle pour convaincre. Mais il souffre à l'évidence du modèle fixé par son ascendance. En effet, sur le plan technique, si Le Nouveau Royaume est très réussi, il ne représente jamais une nouvelle étape dans les perfection des effets utilisés pour sonner la vie aux différentes espèces de singes.
De la même manière, il prend au cœur en de trop rares occasions pour totalement se montrer à la hauteur des Origines, de L'Affrontement ou encore de Suprématie, l'odyssée qu'entame Noa étant plus attendue que celle de César.
Mais il reste néanmoins un film fort bien mené, entre héritage et renouveau qui ne trahit jamais son univers et porte haut sa volonté d'épopée post-apocalyptique d'envergure.
Pas de quoi faire la grimace donc, loin de là même...
Behind_the_Mask, gare au gorille.