Support: 4K Bluray UltraHD
Malgré tout le bien que je pense de la relance de la franchise Planet of the Apes initiée au début des années 2010, l’annonce de ce nouveau volet censé initier une nouvelle trilogie pouvait inquiéter, surtout que le pedigree du réalisateur embauché, Wes Ball, n’a pas de quoi faire rêver (la série pour ados Maze Runner). Et tout ça sans Andy Serkis pour transcender la performance capture. Mais Kingdom signe aussi le retour de Rick Jaffa et Amanda Silver, géniteurs du renouveau, scénaristes sur les deux premiers volets et producteurs sur le troisième et celui-ci. C’est également Weta qui répond, fidèle au poste, pour s’occuper de l’énorme point fort de toutes ces œuvres : sa technique irréprochable.
On retrouve donc notre civilisation simiesque, quelques siècles après la fin du précédent film. Le virus a fait son effet, et les humains ne sont plus que des échos d’eux mêmes, tandis que les primates suivent une évolution parallèle à la notre : domestication des animaux, sociétés tribales unies par la force en un royaume, religions divergentes suite au travestissement de l’Histoire passée légende. Les bestiaux vont même jusqu’à nous reprendre nos figures mythologiques : un Proximus en Prométhée qui cherche à donner le savoir au sien et finit sous le bec des aigles, le héros Noah qui s’accompagne d’un déluge effaçant à la fois les péchés des hommes et la tentation de leurs créations…
Et au-delà de la diégèse, c’est également Spartacus, Ben Hur, ou Avatar qui sont gauchement référencés par Wes Ball. De plus, si la première trilogie pouvait rappeler le post-apo de The Last of Us dans ses environnements, on est ici plus proche de Horizon Zero Dawn. Et quand ce ne sont pas les influences qui transpirent à grosses gouttes sur l'œuvre, ce sont les citations directes qui se font ressentir. Kingdom se plaçant en épisode pivot, chargé de commencer à faire le lien entre le War de Matt Reeves et le film originel de Schaffner, il se sent forcé de reproduire la scène de chasse jusqu’à reproduire le thème de Jerry Goldsmith, de créer un liant via le décor du bunker côtier où traîne une poupée qui dit “Mama”.
Ce nouvel épisode peine ainsi à se créer une identité propre, et va piocher à droite et à gauche pour étayer son scénario quelque peu convenu et tenter de marcher dans les pas de ses aînés. Tout ce que je dis paraît peu élogieux, mais pourtant je ne peux pas nier que j’ai pris beaucoup de plaisir à suivre ces 2h30. Les thématiques, la direction artistique, le récit, rien n’étonne, mais tout se tient néanmoins suffisamment bien pour que le voyage continue à émerveiller comme le faisaient les précédents. Grâce à la magie de Weta, grâce à l’envie de découvrir ce qui nous sera proposé ensuite (car ce volet pâtit de son rôle transitionnel), et sans doute également grâce à l’affect général que j’ai pour cette franchise si riche qui me fait fermer les yeux sur quelques unes des gaucheries repérées.
Par ailleurs, on ne peut pas enlever au projet, à Wes Ball et ses équipes, une volonté de bien faire. Un blockbuster qui ne pue pas le cynisme, c’est assez rare, et on sent ici la démarche honnête des équipes créatives. Le réalisateur est un peu timoré à l’écran, mais n’hésite pas à aller à contre-courant de la communication de la 20th Century et de l’industrie en général, en mettant en avant le travail des ingénieurs à l’oeuvre sur les effets spéciaux, à l’heure où tout le monde vend un factice “No CGI”. Merci à lui.
La franchise en critique :
Planet of the Apes (1968)
Rise of the Planet of the Apes
Dawn of the Planet of the Apes
War for the Planet of the Apes