La planète des singes de Schaffner était à l'époque une énorme réussite. Aujourd'hui encore, le film reste un classique de la science-fiction. Cependant, avec l'évolution scientifique, le film présente désormais des failles.
Ces failles et les origines, Wyatt va tenter de les combler dans ce film formaté blockbuster, possédant en effet l'esprit de l'oeuvre de Schaffner. Certes, il y a des personnages inutiles et un manichéisme assez présent (quoique, le personnage humain de Will ou son père ont tendance à contrebalancer les choses, de même que certains singes ne sont pas aussi gentils que Cesar). Et oui, le film a parfois tendance à tirer en longueur sur certaines séquences.
Mais ce sont là les seuls reproches actuels que l'on peut faire. Car techniquement, les singes sont tout simplement bluffants. Dans la jungle, au début, on peine à faire la différence entre ces primates créés par ordinateurs et ceux qui seraient réels. La qualité va encore plus loin dans les expressions faciales des singes, tout simplement inouïes.
Wyatt réalise en plus de cela un job plus que correct en terme de réalisation. Si au niveau de la mise en scène pure et dure, ça n'a rien d'extraordinaire et qu'il n'y a pas vraiment de séquences bluffantes (hormis peut-être le final sur le Golden Gate même si je ne serais pas aussi dithyrambique que certains).
Pour moi, le réel intérêt du film se situe dans la psychologie des singes que l'on voit petit à petit évoluer. Et c'est là l'importance de la réussite technique de ce film (bien qu'on ne doute pas que dans dix ans, ce sera déjà dépassé) qui permet de mieux cerner les pensées des primates. Et puis, on peut voir le César comme une forme de chaînon manquant entre le singe et l'homme.
La domination du singe commence par le fait que l'homme joue à Dieu. Un scénario déjà vu et écoulé, mais pour lequel Wyatt et son équipe ont tendance à ne pas trop vouloir insister. Si la première partie de l'oeuvre évoque bien les expériences scientifiques, c'est bel et bien pour l'espoir qu'elles symbolisent pour l'homme, mais aussi pour les incroyables avancées réalisées sur l'intelligence des primates. Il n'y a pas de message vraiment moralisateur derrière.
Pour en revenir à la psychologie des personnages, elle est bien plus travaillée chez les singes que chez les hommes. Ces derniers sont montrés comme des brutes, montrant ainsi toute leur décadence et leur lente chute. Les singes sont plus travaillés puisque la plupart veulent être vengeurs de l'homme, mais c'est César qui l'en empêche et qui parvient à réfréner leurs pulsions. Même si ce dernier peut se montrer intransigeant aussi.
Au final, l'oeuvre de Wyatt ne vaut certainement pas celle de Schaffner. Mais elle mérite le coup d'oeil. Et on peut aussi souligner que beaucoup de choses ne sont pas laissés au hasard, comme notamment le titre d'un journal évoquant la perte de la fusée emmenant des astronautes vers Mars. Et ce n'est déjà pas si mal d'avoir voulu respecter à ce point les bases posées par le film d'origine.