Je crois que j'suis devenu un gros con nostalgique. Oh c'est pas que ça m'emmerde réellement mais disons qu'en plus d'assombrir passablement le paysage cinématographique actuel et futur, je suis limite très chiant quant à mes avis sur les productions récentes toutes plus dégorgeantes d'images de synthèse les unes que les autres.

Au début de ce siècle, ça allait encore. Peter Jackson annonçait déjà doucement sa nette tendance au too much interminable suintant le CGI baveux de tons ocres et luisant de blafard jauni culminant au nauséeux à faire passer les éclairages de Janusz Kaminski pour le summum de la sobriété. Mais ça allait encore oui. Il venait quand même d'adapter Le Seigneur des Anneaux de façon fort louable le gars. Et puis, à l'époque, ce genre de technologie débutait, du moins dans de telles proportions, et c'était autant d'étoiles merveilleuses dans mes yeux de fan avide que c'est devenu aujourd'hui criard et écoeurant à l'image d'un de ces nouveaux pop-ups qui remplacent désormais nos bon vieux livres de dinosaures de jadis, illustrés à la peinture, semblant aujourd'hui aussi préhistoriques que leur sujet.

C'est là que j'ai commencé à me trouver très con. Quand j'ai commencé à dire devant le moindre CGI "putain c'est gerbant". Quand j'ai commencé à dire que Le Seigneur des Anneaux vieillissait en accéléré pour prendre les mêmes teintes vidéo-ludiques qu'Avatar. Quand j'ai commencé à cracher ouvertement sur le remake de King Kong (désolé Peter) qui pourtant prenait tant dans son intention que dans la qualité de son gorille une valeur affective exceptionnelle, en accusant son illustre et dévoué auteur d'occire la simplicité limpide, poétique, narrative et visuelle de son modèle pour en faire un immense jeu vidéo indigeste extrêmement gras confectionné par un type qui veut profiter de sa trop grande casserole pour faire 10 kilos de pâtes pour un repas. Tu bouffes, tu bouffes, tu bouffes, c'est bon, très bon même, mais tu sens très vite que tu vas gerber. Oui, je suis devenu un gros con parce que même ce film je n'peux que difficilement le sacquer pleinement, regrettant amèrement les sacs poubelles plein de steaks et la sauce tomate de Braindead, là où son too much n'a jamais été aussi justifié.

Qu'est ce qu'on en a à foutre de Jackson ici ? Ce film est de l'inconnu Rupert Wyatt. Surement parce qu'on a en général pas le droit de s'attaquer à ses oeuvres soit disant indémodables et en profitant pour cracher ma mauvaise foi sur la filmo d'un type que j'apprécie tout de même énormément. Et aussi, accessoirement, parce que c'est son équipe d'effets spéciaux qui s'occupe du rendu des macaques dans ce Rise of the Planet of the Apes. Une équipe qui montre que dirigée différemment, elle peut servir la narration et non uniquement le "plein-les-mirettes".

Alors comme pour me rassurer, je suis un gros con nostalgique, mais j'ai adoré ce film, et, fort heureusement, mon bonheur en le regardant ne semble pas s'épuiser, à l'inverse de King Kong. Les singes suintent bien le CGI, ça pour sur. Mais étrangement, ça n'me dérange pas plus que ça, peut être parce que pour une fois, un film misant à mort sur les ordis pour créer ses images n'est pas (encore) totalement au service de l'inarrêtable surenchère Hollywoodienne et sort un peu des sentiers battus, voir sentiers complètement piétinés des productions actuelles. 1h40 de film, 20min d'action tape à l'oeil. Le reste, c'est un soutient, une aide de choix pour le jeu (exceptionnel, son meilleur rôle) d'Andy Serkis. A son service, et justifié par son visage, certes on ne peut plus expressif mais qui fini tôt ou tard par faire regretter un bon maquillage à l'ancienne de John Chambers ou Rick Baker (un gros con obstiné que j'suis j'vous dit). Mais l'ordinateur aide ici Serkis et ses potes à êtres des singes plus crédibles, à la morphologie simiesque respectée, les bras pendant jusqu'aux genoux, leurs mouvement de balancier réguliers se répétant qu'ils marchent ou courent, se suspendent à un pont ou grimpent à un arbre. Ils sont des déguisements pour de petits moment, la majorité du film se passant au rythme d'un enfermement continuel, d'une cage à une chambre à une cage, illustrant que plus efficacement la monté d'une colère, puis véritable rage contenue de manière lancinante et progressive par une simplicité sans fioritures.

Et c'était pas gagné. Parce que gros con fan du bouquin de Pierre Boulle que je suis, que je considère comme un des romans d'anticipation les plus subtilement menés, fan de l'adaptation aux multiples libertés de Franklin J. Schaffner que je vois comme un complément du livre, fan du charme désuet des 4 autres films qui bien que plutôt mauvais dans l'ensemble reprennent tous plus ou moins certains éléments du livre à leur façon et qui sont emprunt de la trace d'un cinéma de SF d'un autre temps. Pas fan du film de Burton auquel je reconnais quand même les atouts esthétiques des maquillages. Ce LPDS les Origines a redonné un souffle épique à cette mythologie d'une manière intelligente, avec des acteurs-singes exceptionnels (même si on regrette tôt ou tard la présence de Roddy "Cornelius" McDowal dans l'équipe, nostalgic powah) qui, déguisé numériquement, acquièrent l'atout final pour rendre ce mythe tangible, et cette vision de l'avenir presque crédible, nous laissant retrouver un peu (un tout petit peu) de la subtilité du livre et du premier film devant lesquels on se déteste un instant avant d'oublier vite ce désagréable sentiment crasseux de véracité 10 minutes après le générique.
zombiraptor

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