Weta Digital, rois des effets spéciaux placèrent toutes leurs compétences en 2010 pour La planète des Singes : Les origines, reboot/préquelle de la franchise sortie en 1968. En combinant Prise de vue réelle et performances captures à des décors numérique, un degré de réalisme jamais atteint au cinéma nait. Humain, authentique, rempli de sagesse, ce film ne vous laissera pas indifférent. La révolution des singes est en marche, vivez une toute nouvelle expérience cinématographique.
La naissance d’une révolution
Qui ne connait pas La planète des singes ? Tout du moins de nom. Au départ, c’était un roman publié en 1963 par l’écrivain Français Pierre Boulle. L’histoire : un groupe de trois hommes explore une planète lointaine similaire à la Terre où des singes sont devenus l’espèce dominante grâce à leur intelligence hors du commun. Puis, en 1968, le roman a droit à avoir une adaptation cinématographique. Cinq films, une série télévisée en 1974 puis une série d’animation en 75, La planète des singes devient un phénomène de par son univers complexe, riche, nous posant des questions existentielles quant à la nature même de l’être humain. Qui sont les hommes ? Qui sont les singes ? En 2001, Tim Burton est engagé pour s’attaquer au remake de la franchise. Excellents effets spéciaux mais scénario médiocre. Pas de suite pas ce remake, MAIS, surprise, 10 ans plus tard, La Fox met en chantier un nouveau reboot, un préquel racontant les origines du soulèvement des primates faisant de la Terre leur maison.
Après la vision de La planètes des singes de Tim Burton, j’avais fait une croix sur cette franchise. Le jour de la sortie de La planète des singes : les origines, ma curiosité m’attira dans une des salles programmant le film. Et là, surprise : non seulement c’est bluffant de réalisme, mais en plus l’émotion ressentie a été d’une puissance incroyable au point que je suis allé revoir le film 2 autres fois. Pourtant, on est en train de parler de singes numérisés ! Quel travail, quelle prestation d’Andy Serkis et des autres acteurs ayant participé à cette aventure. Du jamais vu.
On ne va pas utiliser de vrais singes (ca serait ironique compte tenu de l’histoire), on va utiliser de la performance capture. Oui, ce reboot est différent de ce que l’on a pu voir avant. Tout se concentrera sur l’interprétation des acteurs, leurs gestuelles, leurs expressions. Travail plutôt délicat d’illustrer le voyage émotionnel d’un singe en images de synthèses. Et pourtant, ils l’ont fait ! Tous les acteurs participant à la performance-capture, Andy Serkis compris, ont subi un entrainement pour se déplacer et agir comme de vrais singes. Ca, on le doit à Terry Notary, le plus expérimenté en matière de singes. Cet ancien cascadeur ayant commencé en travaillant au cirque du soleil a envoyé tout le monde à « l’école des singes ». Se mettre dans la peau d’un singe, adopter leur présence, leur manière de percevoir leur existences, une fois que l’on a ça, les mouvements viennent naturellement.
Autre point important le visuel : le grain et les pores de la peau, le réalisme des yeux et leurs reflets, les lèvres, la fourrure, les poils du visage, la sueur, rien n’est laissé au hasard, on ne néglige rien, pas même les effets de lumières, tout est détaillé jusqu’au bout. Il faut que ce soit réaliste, crédible sinon, jamais on ne pourra rentrer dans le film. Weta Digital aura fait de nombreuses recherches, collaborant par ailleurs avec un zoo, observant des chimpanzés (leur mouvement des muscles, leur structure osseuse et faciale, leur mâchoire, leur crane), recueillant de nombreuses informations pour recréer dans le monde virtuel, ce que l’on voit dans le monde réel.
Mettez de coté la franchise kitch de la fin des années 60 où les singes étaient fringués comme des soldats, chevauchaient des chevaux, parlaient, possédaient leur propre culture et chassaient les humains. Ici, on veut vous montrer quelque chose de techniquement plus vrai (donc plus d’acteurs portant des prothèses et maquillés pour ressembler à des primates), quelque chose qui serait « peut être » possible d’arriver un jour.
La technologie et les recherches scientifiques étant en constante évolution, il y a de quoi se poser des questions. Partant de là, La planète des singes : Les origines, va vous captiver du début jusqu’à la fin. On est curieux de savoir comment les singes ont réussi à développer leur intelligence, ont réussi à êtres dotés de la parole, à tenir des armes à feu puis à dominer l’espèce humaine. Comment tout cela est arrivé ? Qui sont les méchants ? Qui sont les gentils ? Autant de questions pour lesquelles ce premier film y répondra. Vous n’êtes pas au bout de vos surprises.
La fin de la civilisation humaine et l’avènement d’une nouvelle ?
C’est en tout cas ce dont ce film nous parle. Aux Etats Unis, beaucoup de personnes élèvent des singes. Avec ça, il y a possibilité de constituer un début d’histoire. On a la parole, la possibilité de se procurer de la nourriture, faire de la nourriture, travailler en communauté. Intellectuellement, on se considère comme supérieur aux singes et autres animaux. On a essayé de les domestiquer, les utiliser, voir carrément les exploiter. L’histoire de La planète des singes : Les origines parle d’un tournant, un moment critique où les singes vont se retourner contre nous qui les avons tant maltraité. Ici, c’est le thème de l’arrogance humaine qui a intéressée Rupert Wyatt. Tout du moins, c’est l’un des thèmes principaux de son film. Ce n’est aucunement le thème principal. D’autres thèmes seront intéressants à exploiter : l’homme voulant se prendre pour dieu avec, dans ce film des hommes et des femmes cherchant à trouver un traitement contre Alzheimer, tout en pouvant peut être augmenté l’intelligence. Se prendre pour dieu, vouloir tout contrôler, d’un point de vue scientifique et dans notre film, c’est ce qui perdra l’être humain.
Bien qu’il soit question d’un reboot, Les origines reste fidèle à la franchise, au film original. L’équipe du film a regardée les vieux films pour faire leurs recherches où on y parlait d’un certain César, premier chef des singes et de son premier mot prononcé : NOOOONNN. Rupert Wyatt a construit son film autour de ça, de l’idée que César, à un moment donné, s’élevait, regardait un être humain dans les yeux et lui disait : Non. César : une sorte de Spartacus voulant libérer ses frères.
Avant de voir les singes se rebeller, créant la panique dans les rues lors de scènes d’action à la fois saisissante et visuellement fascinantes, il faudra s’attarder sur le développement de César, de Will, d’autres personnages importants, ainsi que la création de l'ALZ-112. La première heure est passionnante d’un point de vue scientifique et d’un point de vue humain. Nous suivrons l’évolution de César, de son enfance à l’âge adulte. On ressentira tout ce qu’il ressentira, on comprendra pourquoi il finira par se retourner contre les hommes et Will, son ami et père de substitution comprit malheureusement pour lui dans le lot. Cet animal tellement expressif, doué de raisonnement, de conscience de soi et d’émotion ne vous laissera pas indifférent.
Un lien se tissera entre nous et ce personnage, on s’y attachera. Il y aura des moments mignons, tendres, drôles, mais aussi des moments durs, injustes, des moments où notre héros sera en pleine détresse émotionnelle. La planète des singes Les origines s’attarde bien à montrer que les singes sont des êtres généreux et beaucoup plus sensibles que nous. Comment ses êtres vont se transformer en individus capables de se rebeller et dire non aux ordres qu’on veut leur donner ? Vous imaginez une seule seconde vous attacher à des singes et détester tous les hommes ? A part les personnages interprétés par James Franco, Freida Pinto et John Lithgow (déroutant de voir The trinity killer dans le rôle d’un petit grand père adorable), c’est ce que l’on ressent pour ce film. Troublant.
Vous êtes fans de la franchise ? Rupert Wyatt a truffé son film de références aux vieux films comme par exemple les noms de certains singes : Maurice l’orang-outan (un de mes singes préféré), Buck le gorille imposant et dominant. Résultat, différents changements (puisque ça se déroule à notre époque) mais satisfaisant au point de reconquérir le cœur des premiers fans et celui de ceux qui ne connaissaient absolument pas la franchise. De quoi donner envie de voir la suite et de se lancer dans la vision des autres épisodes, les plus vieux. La planète des singes Les origines, c’est une aventure épique (merci la musique de Patrick Doyle) et un personnage (César) qu’on aurait envie d’adopter et de BIEN TRAITER !
Au final, grâce à son lot d’émotions, la performance capture et prestation extraordinaire d’Andy Serkis, son dynamisme et son histoire captivante, ses effets spéciaux impressionnants sans jamais d’exagération, sa musique délectable et son thème musical à pleurer, Rupert Wyatt parvient à apporter grâce à La planète des Singes : Les origines, un souffle nouveau d’une franchise âgée maintenant de 49 ans. Un I N C O N T O U R N A B L E.