Netflix tient son premier thriller horrifique de qualité avec en prime un thème pour le moins ambitieux et lourd de sens ! "La Plateforme" ("El Hoyo" en version orginale) est tout un symbole de la perversion humaine et une véritable métaphore de notre vie sociale contemporaine dénuée d'altruisme ou de compassion. Nos petits caprices auto-centrés sur nous-mêmes prennent le relai lorsque nous ne comprenons pas la situation dans laquelle nous sommes.
"El Hoyo" véhicule un message fort qui me rappelle quelque peu la philosophie de John Kramer dans "Saw". Expliquons-nous. Dans "Saw", les sujets testés sont amenés à passer une épreuve dans laquelle leur vie est en danger (Jigsaw appellera même cela un "jeu", bel euphémisme lorsqu'il s'agit de vivre ou mourir). S'ils survivent, ils ressortiront de ce test grandis avec une meilleure appréciation de la vie. On peut voir cela comme une renaissance. Dans "La Plateforme", on ne sait pas exactement pourquoi les détenus sont dans cette fosse et ce qui les a poussés à être ici mais il semblerait que ce soit pour des délits, des crimes ou même dans le cas de Goreng une volonté de "se soigner" d'un mal qui dans son cas est le tabac. Dans cette fosse, ceux qui en réchappent sont censés obtenir un certificat qui fera un peu l'objet d'une renaissance aussi dans la vraie vie, un nouveau départ. Tout comme dans "Saw", les détenus ou sujets testés doivent faire un choix : vivre ou mourir, survivre ou s’entre-tuer, s'entre-aider ou se déchirer. Nul doute que l'anarchie l'emporte du fait de la conception de cette fosse sous forme de plaque tournante. C'est un peu comme devenir riche, puis pauvre, puis à nouveau riche, etc. C'est un ascenseur émotionnel... Un peu à la façon d'une lutte des classes de Marx, nous avons une société hiérarchisée qui donne lieu à des tensions et affrontements sans pitié.
La nature de l'homme est aussi représentée avec l'objet ramené dans la fosse par les détenus. 90% d'entre eux choisissent des armes blanches... tout cela confirme le fait que l'on ait affaire à une majorité de criminels. C'est la prison 2.0.
La fin peut être décevante pour certains mais un peu à la façon du film "Les Misérables" de Ladj Ly ou "Martyrs" de Pascal Laugier, orienter les propos du film vers une grande et belle réponse finale serait prétentieux. Nul ne peut prédire, libre à nous d'interpréter.