J’ai vraiment aimé ce film qui revisite de manière magistrale, le roman de Cervantes qui était déjà une magnifique parabole de notre quête d’humanité ! Le réalisateur s’appuie sur cette quête d’humanité du héros englué dans l’absurdité d’un système social inhumain qui se matérialise dans un univers clos où l’on s’éveille au hasard de la bonne ou mauvaise fortune aussi bien matériel que humaine.
Notre destin de vie parfaitement résumé.
D’entrée le clin d’œil est là entre un Sancho Panza terriblement pragmatique qui s’accommode de l’horreur de la réalité et un don Quichotte horrifié de son environnement et qui cherche d’emblée à comprendre comment le modifier, l’envisager autrement !
Le physique même des acteurs est très évocateur des personnages de Cervantes.
Le personnage féminin qui pourrait également faire penser à la Maritorne du roman est vue différemment par le héros du film qui l’envisage comme une sorte de Sainte à l’inverse de ses compagnons tous comme dans le roman de Cervantes.
Là également s’ouvre une dimension très biblique de ce film, le repas, la blessure au côté, la catabase qui est en fait une sorte d’ascension vers l’humanité, les stigmates , les étages aux symboliques chrétiennes et bien sûr le symbole éminemment christique de l’escargot !
Un film gorgé de références et aux messages codés à la manière d’une nature morte du 17 eme siècle. Le plateau repas fait étrangement penser à un tableau de Willem Claesz Heda avec ses scènes de repas abandonnés à moitié dévorés !
J’ai beaucoup aimé cette démarche intellectuelle, esthétique ainsi que le message spirituel et humaniste de ce film !
Cette déambulation finale dans les catabases humaines des deux compères avec cette note d’espoir que souligne la lumière aveuglante du plafond. L’échec d’une génération n’est pas celle de l’humanité et notre sacrifice porte son espoir dans la génération à venir !