Quoi penser d’un 2eme plateforme?

Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent que plateforme 2 est une suite simplement commerciale et inutile. Bien sûr, on peut avoir l'impression que c'est une suite juste pour capitaliser sur le succès du premier film, mais si on regarde de plus près, il apporte des développements essentiels et pousse la réflexion du premier film encore plus loin.

D'abord, on aime ce huit clos espagnol qui n'est pas juste un film de genre qui se conclut avec une morale simple ou une fin claire. Le premier film soulevait déjà des questions sans réponses, ce qui laissait un espace pour approfondir certains thèmes et concepts dans une suite. Il ne fait pas que répéter le même schéma, non, il élargit le cadre du récit et met en lumière de nouvelles dynamiques sociales. Il montre que le problème de la déshumanisation ne se limite pas à la structure de la fosse, mais touche toute la société qui la produit. La suite permet donc de poser la question : est-ce que tout le monde fait partie de cette fosse symboliquement ?

Ensuite, sur le plan thématique, le film poursuit et enrichit la critique des systèmes injustes, mais avec une nouvelle perspective. On passe d'une critique purement centrée sur les classes sociales et la répartition des richesses à une exploration des conséquences profondes de l’échec de la solidarité. Cette fois, ce n’est plus juste la survie individuelle qui est en jeu, mais l’idée que l’humanité, si elle ne se réforme pas, est condamnée à l’auto-destruction. On voit que le système a évolué, et que même ceux qui avaient un rôle de pouvoir sont pris dans cet engrenage sans issue. C’est une extension logique et cohérente des idées du premier film.

De plus, l’idée que la suite est purement commerciale ne tient pas, car elle ne cherche pas à adoucir ou simplifier le message pour toucher un plus grand public. Le film reste tout aussi brutal, dérangeant, et sans concession que le premier. Ce n’est pas une histoire de survie glamour à la Hunger Game mais une réflexion toujours aussi sombre sur la violence systémique. Enfaite, le film aurait pu céder à la tentation de rendre le récit plus accessible, plus linéaire, mais il choisit au contraire de conserver sa complexité et sa fin ouverte, ce qui montre qu’il y a une intention artistique derrière.

Et puis, il y a la fin. Elle est volontairement ouverte, laissant le spectateur avec plus de questions que de réponses. C’est clairement un choix qui va à l’encontre des conventions des films commerciaux, qui cherchent souvent à tout expliquer pour contenter le public. Ici, Gaztelu-Urrutia nous pousse à réfléchir, à discuter, à interpréter. C’est justement ce genre de démarche qui fait que ce film n’est pas simplement industriel ou commercial, mais un véritable objet de réflexion sur nos sociétés et sur la manière dont elles fonctionnent.

J’ai essayée de m’exprimer sur le sujet sans sortir aucuns spoils.