La Pornographie par Alligator
Faudra m'expliquer ce que le terme pornographie vient faire là : pas un poil de couille, à peine quelques tétons, même pas dardants, bref voilà un autre de ces titres énigmatiques mais qui sied parfaitement à un film tout du long hermétique. A la fin on saisit peut-être un peu plus le comportement de l'un des protagonistes, mais tout juste à peine. Un film mystère donc.
Deux amis intellectuels partent passer quelques jours dans la campagne polonaise. L'occupation allemande est là tour à tour dans les bois où la soldatesque viole et tue, au détour d'une route où des maquisards font le guêt ou bien avec ces juifs cachés dans le sous-sol d'un voisin. Dans la famille hôte se trouve une ardente jeune beauté qui va être le jouet d'un jeu pervers entre les deux intellectuels : parvenir à la rendre amoureuse d'un jeune ouvrier et à se désengager de ses fiançailles avec un riche bourgeois.
Sur ce canevas somme toute ordinaire, l'équipe de scénaristes (parmi lesquels figure Gérard Brach) nous pond une histoire invraisemblante, pimentée de personnages secondaires pittoresques, énigmatiques (eux aussi, foutre!) mais souvent haut en couleurs.
Des couleurs parlons-en, le film est soutenu par une photographie veloutée, automnale, du vert à l'ocre, dans des jeux de lumières et plus d'ombres même qui sont très agréables à l'oeil.
La caméra s'amuse à virevolter, du sol au ciel, beaucoup de travellings, un cinémascope élégant et découpant avec intelligence ses cadres. Bref du point de vue esthétique, c'est très bien foutu.
Et il se dégage une atmosphère champêtre et sensuel de tout un tas d'images décoratrices dont le sens m'a souvent échappé. Hé oui, je suis un imbécile et le cinéaste est bougrement intelligent et le montre. Plein de scènes restent encore bien secrètes laissant le spectateur non pas sur sa faim, mais dans un bain de mystères.
Si l'on se sent pris par ce tourbillon d'incertitudes, on peut regretter la surabondance qui confère parfois le spectateur au rôle ingrat d'élève. Un arrière-goût de condescendance en somme qui n'est pas allé jusqu'à m'indisposer mais je veux bien croire que d'autres se fatigueront plus vite.