La Poupée
7.3
La Poupée

Film de Ernst Lubitsch (1919)

Voilà une bien belle invitation à la rêverie, un merveilleux film entre absurde et irréel de 65 minutes en quatre actes drolatiques comme il est indiqué au début. Impossible de ne pas penser à la magie de Georges Méliès ou de Sherlock Junior qui sortira 5 ans plus tard. Ici aussi, Lubitsch part en vrille dans un monde irréel cartonné parfaitement mis en place dès le départ où l'on voit Lubitsch lui-même installer sur une table le premier décor en carton du film. Une colline, un chemin, une maison, et hop on passe au film en lui-même. Et tout s'entremêle sans arrêt. Réel, illusions et faux-semblants vont magnifiquement ensemble. Un petit fumet de mixture entre la femme mécanique de Metropolis et les décors d'Hansel et Gretel font de La Poupée un objet filmique unique, resplendissant et énergique. Le factice ludique et la vitalité omniprésente nous emportent comme dans un spectacle de cirque beau et étrange.

Tentons un résumé pas folichon de ce scénario assez... Wouhou !
Hermann Thimig joue discrètement Lancelot le héros, un jeune bourgeois naïf et maladroit qui fuit les femmes, en particulier la brochette de 40 villageoises qui accourent à sa fenêtre au titre de postulantes à son futur mariage commandé par son Baron de père plutôt pessimiste sur la chose. Lancelot va fuir très vite et se réfugier dans un monastère peuplé de moines grassouillets emmitouflés autour d'une table opulente en victuailles, bien à l'abri de la pauvreté et de la famine extérieure. Une récompense de 300 000 Francs est bientôt promise par le père éploré si son fils revient et se décide à marier une femme. Les moines à l'affût du moindre denier proposent alors un stratagème des plus farfelus. Il s'agit d'acheter une poupée très réaliste qui danse, sert, etc, quand on la remonte, et de la faire passer pour une vraie femme à marier afin que notre jeune homme ne soit plus effrayé et trompe la vigilance de son père. Et là, quiproquos astucieux, la véritable fille du fabriquant de poupée se retrouve à jouer la poupée pour le jeune homme, et donc ça se complique.

Ossi Oswalda joue cette charmante poupée et cette femme charmeuse qui joue la poupée avec une énergie communicative jouissive, tout comme son père inventeur à la coiffure blanche éclatée (les origines du Doc !) et son très jeune apprenti motivé, sorte de mini Popeye enfant, une nappe de vulgarité en moins. Grain de folie et espièglerie s'intègrent parfaitement à l'ambiance générale pourtant virulente, satirique et critique sur les pouvoirs établis de la bourgeoisie et du clergé. Et c'est blindé d'inventions merveilleuses à faire craquer le plus réticent.

Seul bémol à mon sens, mais pas des moindres tout de même, une excessive présence de poursuites Benny Hill qui viennent un peu lourdement gâcher la merveille de tout le reste.
drélium
7
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le 3 févr. 2012

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drélium

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