N'étant que peu, et encore moins ces derniers temps, habitué à mettre des 10 je me suis posé la question suivante : qu'est-ce qui justifie qu'on prive un film de la note suprême ? Une faille, même très très légère, un aspect de mise en scène, interprétation, scénario, etc un poil en retrait de l'ensemble, une très légère baisse de l'état extatique durant les 159 minutes. Bref il faut une raison qui empêche de parler de film parfait.
Donc ici le 10 a sa place car je n'ai pas trouvé une faille dans cette "Poupée" et j'ai eu la sensation de voir une pièce réellement majeure dans l'histoire du cinéma, quelque chose qui pourrait se rapprocher de la grande littérature russe mise en forme de manière à la fois réaliste, baroque et onirique. C'est une fresque historique et romantique, une fable humaniste et politique sur un transfuge de classe, un poème cruel et féroce.
Le Polonais Wojciech Has compose des tableaux qui balaient les époques picturales, Wojciech Kilar accouche d'une partition renversante, Mariusz Dmochowski est tout à la fois monstrueux et fragile, Beata Tyszkiewicz sensuelle et fatale.
Parfois on emploie des qualificatifs excessifs qu'on finit par galvauder, mais vous pouvez me croire quand je dis que c'est intelligent, grandiose, fascinant et bouleversant, qu'un mélange difficilement imaginable entre "Citizen Kane" et "Le Guépard" existe.
NB : Après "Le Bonheur" de Varda voici un nouvel empêcheur de tourner en rond qui va m'obliger à remettre le nez dans mon Top 10 un jour ou l'autre.