Soumis aux Oscars 2011 dans la catégorie Meilleur film étranger, La Prima Cosa Bella n'aura hélas pas été sélectionné, alors que les retours presse et public étaient plutôt bons, et transportait un bagage plutôt impressionnant de prix, dont 3 Donatello.
Eté 1971. Anna, jeune mère ravissante et frivole, remporte le concours de beauté d'une station balnéaire. Son tempérament inconséquent et jouisseur rend sa vie de famille quelque peu chaotique.
30 ans plus tard, toujours marqués par cette vie haute en couleurs, Anna et ses enfants, réunis à son chevet, sauront-ils se réconcilier ?
Ce qui frappe instantanément quand la bobine se met en route, c'est la perfection visuelle que nous sert La Prima Cosa Bella. On sent que le réalisateur, Paolo Virzì, savait ce qu'il voulait, et comment nous le montrer, et a réussi à diriger son équipe artistique de main de maître. Tout se marie avec harmonie, et l'alchimie entre les décors de Tonino Zera, les costumes de Gabriella Pescucci et la photographie de Nicola Pecorini nous sublime et nous transporte dans un univers proche d'un Wes Anderson à l'Italienne. Le leitmotiv n'est d'ailleurs pas très éloigné de La Famille Tenenbaum, jonché de personnages hauts en couleurs, de remises en question perpétuelles, de rancœurs et évidemment de pardons, et cela en gravitant autour d'un proche en phase terminale. Nous sommes cependant loin du copié/collé, Virzì réussissant à imposer une identité qui lui est propre, le mélancolique étant constamment orné d'une aura de couleurs chaudes, de façon à souligner la nostalgie, la peine, mais aussi le bonheur de certaines situations. Rien n'est laissé au hasard, et Virzì vous fait voyager entre présent et passé, de façon à développer les raisons qui font que Bruno, le fils, et le plus marqué, est devenu un professeur toxicomane et cynique.
Bref, La Prima Cosa Bella est un formidable drame familial, subjuguant par son esthétique, mais aussi sa mise-en-scène, et évidemment sa narration, nous dépeignant de façon académique, mais passionnante, la vie semée d'embuches de cette mère volage et de ses enfants, qui bien qu'elle les ait toujours aimé, n'ait pour la plupart du temps été qu'une mère irresponsable. Des fautes lourdes, poussant ses enfants à la rejeter, mais qui par la force des choses devront oublier les erreurs du passé, et tenter de l'aimer eux-aussi, afin de la laisser partir sereine.
Micaela Ramazzotti, qui interprète Anna jeune, est superbe, et l'on ressent l'entrain qui l'anime, mais qui aura très vite fait de rimer avec catin.
Au-delà d'un simple film sur le pardon, c'est aussi la triste fable d'une femme qui s'est engagé dans la vie, débordante d'espoir, toujours confiante, mais qui hélas n'a jamais réussi à aller jusqu'au bout des choses, et l'état de ses enfants, une fois adultes, seront de par leurs cicatrices les échos de cet échec.
Virzì n'oublie pas une certaine dose d'humour, dans un esprit toujours particulièrement incisif et morose, venant encore une nouvelle fois rapprocher l'auteur Italien de son homologue Américain.
Note pour ceux qui n'auraient rien compris au titre, il vient de la chanson éponyme de Nicola Di Bari, qui dit « la plus belle chose que j'ai eu dans la vie c'est ton sourire ».
Pour conclure, les amateurs de comédies dramatiques sachant imposer une atmosphère maussade sans pour autant glisser vers le mélodramatique auront un produit de très bonne facture et qui comblera largement leurs attentes. Ceux qui préfèrent les choses moins académiques et bien plus encrées dans l'improbable et le loufoque n'auront cependant pas ici ce qu'ils recherchent — ça ressemble aux Tenenbaum, mais ça n'est pas les Tenenbaum.
Mention spéciale pour Micaela Ramazzotti, qui depuis son succès avec Non prendere impegni stasera ne cesse de prendre du galon, puisqu'elle aura également brillé dans Tutta la vita davanti, déjà de Virzì, et avec qui elle s'est mariée, et que l'on a pu également admirer dans Question de coeur en 2009.
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