La Princesse
4.7
La Princesse

Film de Le-Van Kiet (2022)

Mort au patriarcat ! Soyez sans pitié ! Chargez !!!  



  • Vous êtes venu au monde pour devenir mon épouse.

  • Et, il me tarde de le devenir.

  • C'est vrai, ça ?

  • Je serai à vos côtés. Tous les jours. Je serai à votre service, toutes les nuits. Ce sera comme un conte de fées. Pour moi.

  • Et, pour moi ?

  • Un cauchemar. Vous devrez apprendre à ne pas vous endormir profondément. À ne jamais me tourner le dos. Moi je serai au paradis, car je réfléchirai jour et nuit à un moyen de vous tuer. Et vous, vous serez en enfer, car vous redouterez le moment où cela arrivera. Et vous savez qu'il arrivera fatalement. Parce que vous savez que je ne trouverai pas de répit, que je ne céderai ni n'arrêterai jamais, jusqu'à ce que je me tienne devant votre dépouille avec dans mes mains délicates et manucurées, votre cœur encore chaud.




Princesse, la barbare



Il était une fois, une princesse fiancé de force à un méchant futur roi qu'elle refuse d'épouser devant l'hôtel. Un refus qui va mettre en colère le prétendant au trône qui va envahir le royaume, prendre en otage la famille royale et faire conduire sa future prétendante évanouie en haut d'une gigantesque tour. Jusqu'à l'arrivée d'un prince charmant, qui va venir délivrer la belle et le royaume et qui... non... en fait rien à foutre des classiques. La princesse va se réveiller, prendre une épée, et défourailler tout ce qui se présente devant elle dans un déluge d'action, où la belle envoie chier aussi bien les mœurs poussiéreux que les méchants qui sont des hommes répugnants. La Princesse réalisée par Le-Van Kiet est une série B divertissante qui envoie se faire cuire un œuf les modèles d'usages consacrés aux princesses de contes de fées qui ne peuvent se réaliser qu’à travers un prince charmant. Le conte est une catégorie littéraire qui s’inscrit par le prisme d'une histoire qui prend naissance à une époque différente dressant un portrait des conditions de la femme qui aujourd’hui peut choquer, si bien que je trouve bienvenu de vouloir replacer (et non remplacer) le contexte social et historique des femmes au sein de récits fictifs aussi bien littéraires que cinématographiques. Après tout, les demoiselles et autres gentes dames ont également le droit d'avoir une figure cavalière venant s'affranchir des obstacles par l'épée et le sang.


La Princesse est un périple qui s'amuse à détourner les clichés d'un autre temps à travers un discours féministe très maladroit dénué de la moindre nuance pour un résultat idéologique proche de l'indigestion. Un message agressif et radical où on oppose violemment les femmes contre les hommes. Pour autant la formule décomplexée de l'œuvre permet de s'affranchir de cette appropriation abusive et de simplement prendre le tout avec un sourire moqueur sur les messages pas du tout nuancés que dressent les personnages toutes les cinq minutes. Du coup, vous vous doutez bien qu'on n'aura pas droit à la clôture traditionnelle du : « ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants », car après tout se marier et faire des enfants c'est mal et dévalorisant.
« - Une ironie bien grasse de ma part d'une subtilité égale aux messages idéologiques dressés par le film. Bien entendu il est à comprendre qu'avoir des enfants et se marier ne peut pas être que la seule et unique conclusion satisfaisante pour les femmes et que d'autres options s'offrent à elle.
- Ok, d'accord JéJé, mais qu'est-ce que tu fais : si justement une femme rêve de se marier et d'avoir des enfants. Est-ce que ça veut dire qu'elle a un discours conservateur et antiprogressiste insultant pour les autres femmes ?
- Je... Heu...
- Est-ce que ça veut dire que se marier et avoir des enfants c'est mal et dépassé ?
- Heu... C'est-à-dire... que...
- Alors nommer ''femme'' une femme est une insulte ?
- ...Tu sais quoi ?
- Non, quoi ?
- Les voix du seigneur sont impénétrables.
- Faux jeton. Et ça s'appelle ''JéJé fait son Bagou''. »


En matière de divertissement, La princesse est un film d'action hyper rythmé qui enchaîne avec efficacité de multiples confrontations sanglantes où la belle... pardon la ''rebelle'', tranche, découpe, plante, décapite à tout va dans un déluge de violence jubilatoire, dans une relecture amusante du film indonésien ''The Raid'' de Gareth Evans. La comédienne Joey King en tant que Princesse Rebelle sous stéroïdes qui ferait passer Princesse Xena pour une enfant de chœur, nous offre une prestation enragée et engagée. Des beaux combats via des chorégraphies intenses en mode barbare ! La réalisation s'avère efficace autour de la mise en scène consacrée aux affrontements sous une ambiance proche du huis-clos, mais particulièrement fade et truqué autour de l'environnement et des décors proposés. Une princesse qui commence avec une robe de mariée qu'elle va détruire au fur et à mesure dans une symbolique propre d'émancipation. Détruire les chaînes du terrible patriarcat ! Constat amusant, si le film s'emploie à détourner les mœurs pour sublimer la puissance de la femme, il reste tout de même très attaché à d'autres vieux clichés pour le moins antiprogressistes. Ainsi, les servants ayant appris l'art de l'épée à Princesse sont bien entendu ''asiatique''. Après tout les comédiens Ngô Thanh Vân pour Linh, et Kenichi Kamiyasu pour Khai, ne peuvent être définis que par les arts martiaux. Critique similaire pour l'idiot du film, qui en plus d'être un homme est un obèse dont on se moque tout du long car il n'a pas suffisamment de souffle pour gravir les marches de la tour. Pas bien, tout ça ! Notre franco-ukrainienne Olga Kurylenko pour Moira fait figure de menace amusante, de même que son roi : le caricatural mais drôle Julius par Dominic Cooper.



CONCLUSION :



L'actrice Joey King se transforme en princesse guerrière barbare pour Disney+ sous la réalisation de Le-Van Kiet, qui livre avec ''La Princesse '', un film d'action burné malgré le parti pris castrateur envers les hommes, via un récit qui envoie bouler les traditions moyenâgeuses des contes. Un film jouissif dans la forme, radical dans le fond, pour un résultat déjanté et déglingué divertissant auquel je souscris allègrement avec un sourire moqueur.


J'espère retrouver Joey King dans une suite où on la verra de nouveau décapiter dans une violence excessive et extravagante le méchant patriarcat.




  • Nous devons organiser ce mariage sans délai. Nous n'avons guère le choix...

  • Ça ne vous dérange pas de me mettre dans le lit d'un parfait inconnu.

  • C'est un seigneur honorable et de bonne famille.

  • Je ne suis pas un objet dont on peut se servir pour négocier.

  • J'ai toujours exigé de toi une grande maturité. C'était une erreur. Maintenant je ne vois en toi qu'une jeune fille impétueuse qui ne pense qu'à elle-même. Tout le royaume repose sur tes épaules. Tu trouveras en toi les ressources pour accomplir ton devoir.


B_Jérémy
6
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le 26 juil. 2022

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