La Princesse de Montpensier est la brillante reconstitution historique d'une époque où les guerres de religion (entre catholiques et protestants) déchiraient la France de Charles IX et de sa mère Catherine de Médicis.
L'histoire relatée commence en 1567 et se termine un peu après le massacre de la Saint-Barthélémy en août 1572.
Sur cette trame de fond, très prisée des réalisateurs français, puisque c'était déjà celle de La Reine Margot de Patrice Chéreau, Bertrand Tavernier nous raconte la durable passion amoureuse de Marie de Mézières (devenue, malgré elle, princesse de Montpensier) pour son bouillant cousin et ami d'enfance Henri, duc de Guise. Le scénario adapte la nouvelle éponyme de Mme de La Fayette, femme de lettres qui lança en France la mode du "roman psychologique".

Brillante reconstitution historique, donc. J'ai été particulièrement sensible à la somptuosité des costumes de l'époque, qu'ils soient féminins ou masculins : les tenues de la princesse et du prince de Montpensier sont absolument sublimes. Des velours (bleus, verts, violets, cramoisis) à tomber, d'un goût exquis, sans rien de clinquant. Magnifiques également : les armes, les harnachements des chevaux, la vue des campagnes environnantes. Tout aussi remarquables : les décors intérieurs. D'abord le château dans lequel vivent les Montpensier (ce qu'on en voit, en tout cas), ensuite la reconstitution des appartements du Louvre où vivent le roi, sa mère Catherine de Médicis, son frère le duc d'Anjou et leur entourage. Tout ça superbement photographié. Les yeux sont à la fête.
Autre régal, pour les oreilles cette fois : la bande-son (de Philippe Sarde) qui ponctue l'action sans jamais la noyer. La ligne mélodique murmure l'état d'esprit, les sentiments de la princesse, rien de plus.
Quant à l'histoire proprement-dite, l'affiche du film nous la résume : Marie est aimée, désirée ou convoitée par les quatre hommes qui l'entourent (Henri de Guise qu'elle aime ; le prince de Montpensier à qui on la marie, qu'elle ne déteste pas mais qui, lui, l'aime jalousement ; le duc d'Anjou, frère du roi, qui la convoite ; enfin le comte de Chabannes qui l'aime sans réciprocité).
Une phrase prononcée tout à la fin du film nous donne une vision plus cruelle (et masculine) de l'histoire : "Vous étiez comme une biche au moment du brame".
En fait, la princesse de Montpensier est une femme amoureuse, qui se sait aimée de l'homme qu'elle aime et qui croit que cet amour est plus fort que tout, sauf que... non.

La princesse est personnifiée avec grâce et beaucoup de sensibilité par Mélanie Thierry ; cependant, du fait d'un léger strabisme, elle n'est pas aussi merveilleusement belle que l'était Marina Vlady dans La Princesse de Clèves (autre adaptation d'un roman de Mme de La Fayette) et cela nuit peut-être un peu au film : une femme aussi aimée et désirée doit être d'une parfaite beauté.
Des quatre hommes qui tournent autour d'elle, je dirai que la meilleure composition, selon moi, est celle de Grégoire Leprince-Ringuet en mari amoureux, jaloux et trompé (je l'ai trouvé excellent). Gaspard Ulliel (Henri de Guise) et Lambert Wilson (comte de Chabannes) sont bons dans des styles bien différents et Raphaël Personnaz (en duc d'Anjou) ne leur est pas inférieur dans un rôle de "frère du roi" pas très consistant.
Les seconds rôles sont très justement distribués, notamment à Michel Vuillermoz (le père du prince de Montpensier) et Philippe Magnan (le père de Marie de Mézières, princesse de Montpensier) qui font des compositions remarquables.
Enfin, la mise_ en_scène_et_réalisation de Bertrand Tavernier, si parfois d'un rythme un peu lent, est très soignée et d'un expert. J'ai admiré le savoir-faire du réalisateur, mais je n'ai pas été transporté.

N'empêche, La Princesse de Montpensier, c'est de la belle ouvrage ! Et déjà un classique du cinéma français. Il devrait rafler quelques récompenses à la prochaine cérémonie des Césars.

Fleming
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le 19 mars 2020

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