Si tu pries l'étoile du soir, ton vœu s'exauce un jour
Depuis bien des années, les spectateurs attendent que Disney renoue aves ses fondamentaux, "La Princesse et la Grenouille" porte donc sur ses épaules la plus belle des promesses: celle de redonner au public son dessin animé Disney pure souche.
Le conte des frères Grimm ne sert pourtant que de point de départ à "La Princesse et la Grenouille": le film est, en effet, très éloigné du livre. La première nouveauté est bien sûr d'établir l'action à La Nouvelle Orléans dans les années 20. C'est ainsi la toute première fois qu'un conte de fée Disney se déroule sur le sol américain.
La beauté de "La Princesse et la Grenouille" vient d'abord de la magnificence de ses décors comme de la multitude de ses ambiances. Que cela soit le côté propre et bien tenu du Garden District ou le contraste des quartiers pauvres en passant par le festif et pittoresque quartier français, sans oublier bien-sûr le bayou avec sa végétation luxuriante; le spectateur en prend toujours plein la vue et ne sait plus où donner de la tête. Regarder "La Princesse et la Grenouille" assure un dépaysement incroyable. C'est une farandole de couleurs et d'ambiances qui explosent à l'écran.
La qualité des décors apporte à l'évidence beaucoup au film, mais sa vraie grande richesse est à rechercher du côté du travail effectué sur son écriture. L'ennui n'a, en effet, pas sa place dans le récit. L'action est, il est vrai, rondement menée et aucun temps mort ne vient gâcher l'histoire. La morale n'est pas trop appuyée et a surtout la bonne idée de tordre le cou à un précepte américain qui veut que seul le travail amène à la réussite, qui passe dès lors uniquement par les choses matérielles. D'ailleurs le spectateur ne retiendra sans doute pour seule morale que l'amour, sous toutes ses formes, est l'unique chose qui vaille la peine en ce bas monde.
Au sein de décors somptueux, pris dans un récit aux rythmes et rebondissements bien sentis, les personnages sont quelque peu décevants sur le critère de la qualité. Il sont, en effet, nombreux, mais tous terriblement ennuyeux dans leur registre attitré.
Tiana crée l'évènement dans l'histoire des studios de Mickey. C'est, en effet, la toute première héroïne noire! Une si longue attente pour arriver en haut de l'affiche fait qu'il est permis de pardonner à Tiana son peu d'entrain à exister au tout début du film. Il est, en effet, bien difficile dans les premières minutes de s'attacher à elle tant son acharnement au travail et à la poursuite de son rêve lui ôte toute joie de vivre. Fort heureusement, son aventure lui permet d'ouvrir les yeux et dès lors, de se présenter sous un nouveau jour. Tiana est doublée par China Moses, tout à fait honorable.
Si Tiana met quelques minutes à se faire aimer du public, Naveen, lui, est détestable au possible. Superficiel à souhait, il ne pense qu'à son bon plaisir: il aime ainsi avoir les autres à ses petits soins et par-dessus tout courir les femmes et faire la fête, jazz oblige! Sa joie de vivre est malgré tout instantanément communicative tout comme sa philosophie à la Baloo. Sa rencontre avec Tiana va lui ouvrir de nouveaux horizons et lui donner une épaisseur nouvelle: apprenant à son contact, la valeur du travail, il décroche en même temps la timbale, celle du véritable amour.
Louis intègre pour sa part le bestiaire Disney. Cet alligator, qui ne rêve que de jouer du jazz parmi les plus grands orchestres humains est un gros lourdaud douillet et sympathique.
A côté de cette grosse bête au grand cœur, il en est une autre, nettement plus petite, qui constitue la vraie bonne surprise du casting: le personnage de Ray. Incroyablement drôle, avec un accent cajun à coupé aux couteaux, il sait aussi être émouvant, quand il le faut.
Le Dr Facilier, apparait aussi effrayant que ténébreux, maniant la magie vaudou, chacune de ses apparitions crève l'écran tant son personnage porte le Mal en lui.
Autour des personnages principaux évoluent également des seconds rôles qui sont tout, sauf quantité négligeable.
Mention spéciale doit ainsi être donnée à Charlotte, une jeune fille de bonne famille, gâtée et capricieuse tout en restant adorable notamment quand il s'agit de jouer de ses atouts de séduction. Rien d'étonnant d'ailleurs à voir son père Big Daddy ne rien pouvoir lui refuser...
Vieille et excentrique, Mama Odie est, elle, une sorcière vaudou du bayou. Personnage maintes fois vu, elle prend des airs de sage et aide les jeunes héros à retrouver le droit chemin.
Empli de mélodies magnifiques, rythmées et entrainantes, la bande originale comporte de véritables pépites comme les chansons de Louis (When We're Human), de Ray (Gonna Take You There) et de Mama Odie (Dig a Little Deeper). Certaines autres sont romantiques à souhait (Ma Belle Evangeline), jazzy comme jamais (Down in New Orleans, Almost There) ou inquiétantes à frémir (Friends on the Other Side).
"La Princesse et la Grenouille" propose un comte revisité par Disney de manière quelque peu decevante.