The Glass House est une œuvre encadrée par la mort, depuis l’accident des parents qui conduit les deux orphelins dans ladite maison de verre jusqu’à la clausule parmi les pierres tombales. C’est qu’entre ces deux pôles s’effectue, dans la peine et la douleur, le deuil d’une jeune adolescente – dont nous épousons le point de vue – qui trouve dans son séjour chez les Glass une zone de turbulences où purger ses passions, la vaste demeure vitrée devenant ainsi la métaphore du traumatisme qui ne cesse de revenir par flashs, à l’instar des courtes séquences d’accident qui hantent les rêves de Ruby alors qu’elle n’y a pas assisté. Il n’est pas anodin que le nom des propriétaires et anciens amis de la famille soit Glass : les deux personnages, par ailleurs antagonistes du long métrage, ont une fonction de miroirs. Tout comme leur maison, ils accueillent et réfléchissent l’orpheline dans sa détresse fondamentale, incarnations de l’ennemi que sont la mort d’autrui et son acceptation.
Le centre névralgique du film de Daniel Sackheim est indiqué par le titre : c’est la maison. C’est là que se reproduit l’accident, lentement, quotidiennement : la montée en étrangeté correspond à autant de causes aptes à expliquer cette conséquence funeste qu’est la disparition, contre le ravissement soudain des parents dans leur voiture. Le long métrage recourt donc à la fiction et au suspense comme des leurres, mieux comme des vecteurs qui convertissent le psychanalytique en divertissement à rebonds. Nombre de critiques reprochent l’aspect prévisible de la trame narrative ; cette prévisibilité est justement là pour convier le spectateur à porter son attention ailleurs, non vers la grosse machinerie à mystère, assez réussie au passage, mais vers les failles et les incertitudes d’une adolescente soucieuse de recouvrer une unité, intérieure, familiale, amicale, humaine en somme. Tous les lieux traversés sont des lieux d’exclusion : le lycée menace de la mettre à la porte, la maison d’accueil mute en prison, le bureau de l’administrateur de biens un mirage d’écoute.
The Glass House vaut donc bien davantage que ses allures de petite série B du dimanche après-midi : non sans lourdeurs d’exécution, il choisit astucieusement d’aborder le deuil sous l’angle du thriller paranoïaque. Original et intelligent.