The Night House n’est jamais aussi fort que lorsque les indices et les fausses pistes dessinent, par l’intermédiaire de cette « maison de nuit » à la fois cabane dans les bois où s’adonner à ses pulsions et demeure inversée dans laquelle sont cristallisés les non-dits, un centre vide autour duquel gravite Beth. Le somnambulisme, la dépression, le traumatisme du deuil, le recours à l’occulte pour conjurer un mauvais sort, la lutte contre un choc bien plus profond, antérieur en somme : le film déplie ces trajectoires possibles tel un origami, à l’image de la construction par pliage de niveaux et de réalités que dessinait Owen dans son cahier. Et l’horreur, quand elle intervient et s’exprime à l’écran, reste subordonnée à l’architecture, comme une émanation même de cette maison hantée par l’ombre, comprenons par le fantôme du mari défunt.
Nous regretterons alors que The Night House finisse par céder à la tentation d’une explication métaphysique, à mi-chemin entre le paranormal et le psychologique, lors d’un dernier acte proche du Grand-Guignol ; de même, certains tics de mise en scène contraignent le film à une recherche de l’étrangeté qui paraît forcée et qui enferme Rebecca Hall dans un rôle unilatéral – alors que l’actrice s’avère des plus talentueuses. Les répétitions et les longueurs achèvent de faire du long métrage de David Bruckner une curiosité dotée de belles idées scénaristiques et esthétiques, mais qui ne témoigne ni d’une vision d’auteur ni d’une rigueur symbolique conjurant les sursauts faciles de l’épouvante à la mode aujourd’hui pour s’aventurer dans le « rien ».