Comme on a la high tech qui ne l’est pas tant que ça, puisqu’on attend toujours les voitures volantes qui nous avaient été promises dans les années 1960 pour les années 2000, on a la low fantasy qui s’oppose à la vraie, mais qui donne pareillement une littérature de gare et des blockbusters de prix pour un public d’école primaire ou presque. Mais comme Warner ne lâche pas Potter et son soi-disant univers, sans parler de Narnia qui ne le fait pas, Amblin a cherché à son tour chez les littérateurs pour la jeunesse, car il y en a toujours un qui attend d’être adapté, et a trouvé une petite série de romans qui ne demandait qu’une major pour devenir une licence. Mais comme il y a dans l’équation Cate Blanchett, qui a traversé sans encombre tous les blockbusters de sa carrière, on se dit qu’on ne va pas faire attention au look bêtement après-guerre de l’inévitable gamin, qui porte des lunettes sur le front pour se faire bien voir des fans de steampunk. Et comme il y a aussi Kyle MacLachlan, qui a traversé un désert peuplé de desperate housewives avant de revenir à Twin Peaks, on se dit qu’on ne va pas encore avoir droit à un ado mal dans sa peau, et qu’il ne va pas gagner des pouvoirs forcément grands avant de prendre des responsabilités forcément grandes.
Soit donc un orphelin original, recueilli par un oncle original et vivant dans une maison originale, en compagnie d’une Blanchett qui ne s’habille qu’en violet, pour marquer à son tour son originalité. On est tenté de multiplier les parallèles avec Potter-Warner, mais le roman d’origine est paru avant le grand œuvre de Rowling, et on peut tout aussi bien se demander si le but n’est pas d’adapter une nouvelle fois l’attraction « Haunted mansion ». Car la maison à l’horloge est surtout un décor, qui porte sa particularité comme ses habitants leur excentricité, de manière aussi voyante qu’attendue, et les bibelots faussement vrais le disputent à un MacLachlan faussement mort, car il n’y a pas de fantôme mais un revenant à la place. Les coups de rabot pour passer sous la barre de la censure parentale sont presque visibles, car il s’agit moins de tenter l’épouvante jeunesse que de fabriquer un produit saisonnier, sans angles comme un couteau sans pointe, alors qu’il y avait peut-être plus à tirer, du dessein d’un méchant qui veut supprimer l’humanité en la faisant rajeunir, que le gag du bébé avec une tête d’adulte.
Pour public averti (et qui a déjà accroché ses ballons noirs et oranges) : The house with a clock in its walls (2018) d’Eli Roth (« the future of horror » pour Tarantino, ce qui laisse penser qu’il s’est passé quelque chose depuis cette déclaration), avec Jack Black (connu pour avoir fait la pub télé de Pitfall! à l’époque où tout le monde savait qu’Atari allait dominer le monde des consoles) et Owen Vaccaro (parce que les enfants stars sont aussi courants à Hollywood que les littérateurs adaptés)
Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure