C'est disons-le d'emblée un énorme film… De là à le classer dans le top des meilleurs films de tous les temps, non ! Et notamment en raison de l'insupportable scène de chasse, mais aussi cette scène invraisemblable à la fin où Schumacher sympathise avec Marceau alors que c'est à cause de ce dernier qu'il a tout perdu. Sinon on en a en a écrit des "vérités définitives" sur ce film qui annoncerait la seconde guerre mondiale (à cause de la scène de chasse), n'importe quoi ! Ce serait une critique de la bourgeoisie ? Non, les plus abjects là-dedans ce sont bien Schumacher et Marceau, non pas que les autres soient des saints, ils ont tous leurs travers. Le marquis fait l'éloge d'un libertinage respectueux, il n'aime pas rendre les femmes malheureuses, ce qui ne l'empêchera pas de se bagarrer avec l'aviateur et de couvrir son assassinat. En fait c'est la société dans son ensemble qui est critiquée, bien plus que la bourgeoisie, une société où les règles font que le paraître est plus important que le réel, une société où tout le monde ment dira Octave, et qui finalement nous broie. Chassé-croisé amoureux, femmes légères ou passionnées on se croirait par moment chez Beaumarchais et ce n'est pas pour rien que Renoir a placé ses vers en exergue du film, car c'est bien là le sujet du film : les règles que la société s'impose dans les rapports entre hommes et femmes et la façon dont on s'en acquitte ou pas. Deux mots pour le reste, pour ce qui fait que c'est du cinéma, une mise en scène maîtrisée de bout en bout, des plans de folies (le petit théâtre, la course poursuite) avec une utilisation géniale de la profondeur du champ, une distribution fabuleuse dominée par Dialo, Pauline Dubost et Jean Renoir lui-même mais il faudrait les citer tous, et une bande son surprenante.