En 1959, un des cinéastes du cinéma d'animation les plus connus en Russie adapte un des chefs d'oeuvre de Christian Andersen, La Reine des neiges.
Lev Atamanov est un des fondateurs de l'art d'animation soviétique et un des artistes les plus connus ayant oeuvré dans les studios Soyuzmultfilm, créés en 1936. Les années 50-60 marquent l'apogée de ces studios, qui emploieront jusqu'à 700 personnes et ont produit jusqu'à ce jour près de 1 600 films.
Les adaptations de contes traditionnels figurent parmi les plus belles réussites du studio : La fleur écarlate, Les cygnes sauvages, La petite sirène, Poucette, Les douze mois...
Atamanov réalisera notamment La fleur écarlate - version du conte la belle et la bête -, La bergère et le ramoneur, L'antilope d'or et La Reine des neiges.
Kay et Gerda sont deux jeunes enfants qui s'aiment tendrement. Un soir d'hiver, Kay est enlevé par la Reine des neiges, et emporté bien loin dans son palais de glaces où elle veut en faire son Prince. Un morceau de glace étant rentrée dans son oeil, Kay commence à sentir son coeur devenir de glace et il oublie Gerda.
Désespérée, celle-ci entame un long voyage vers le nord, prête à défier tous les dangers pour retrouver son cher Kay.
Sur sa route, elle va faire de nombreuses rencontres, très différentes, constituant des sortes d'épisodes à son aventure : la femme qui l'accueille dans son jardin et veut la garder chez elle en la plongeant dans un profond sommeil, les jeunes souverains du palais, la petite voleuse de la bande de brigands, la vieille lapone.... L'histoire se centre sur le courage de Gerda et la longue quête qu'elle va entreprendre, bravant le froid, la faim et la fatigue. La Reine des neiges fait fortement penser à la Sorcière blanche des romans de C. S. Lewis, Narnia, entraînant elle aussi un petit garçon dans son royaume de glace. cependant, ici, la Reine n'est pas totalement méchante, son coeur est froid, c'est sa nature mais il n'est pas totalement étranger à la pitié comme le montre son besoin d'avoir un fils et la clémence dont elle finira par faire preuve.
Comme l'hiver lui-même, elle devra bien s'effacer devant le renouveau du printemps et la chaleur de la tendresse réciproque des deux enfants.
Le film suit le conte d'Andersen mais d'une durée trop courte, il empêche le développement de l'histoire, ce que l'on ne pourra que regretter. La bande son française n'est hélas pas de grande qualité, en raison principalement de changements dans la musique et d'une diction totalement atone de Catherine Deneuve en Reine des neiges.
Reste une très belle réalisation, de beaux personnages, une animation souple, de beaux paysages de neige.
Le monde du cinéma récompensera d'ailleurs à sa juste valeur ce magnifique film d'animation, lui décernant notamment :
- le prix du Lion d’or au Festival de Venise en 1957 dans la catégorie du cinéma d'animation
- le premier prix au Festival de Cannes en 1958 dans la catégorie films d’animation
- le prix spécial au Festival de Moscou en 1958.
Il importe de découvrir et de faire découvrir à nos enfants, gavés d'images de synthèse et de personnages stéréotypés, cette belle version, respectant scrupuleusement le conte d'Andersen et bénéficiant de techniques d'animation de qualité.