Le renne des neiges et la reine de Noël
Mine de rien, ça faisait un petit moment que je n'avais pas vu de Disney 100% Disney au cinéma, n'ayant pas vu Raiponce ou la Princesse et la grenouille. L'appréhension était assez élevée, vu le sentiment de décrépitude qui semble animer ceux qui parlent du Disney des vingt dernières années, face à la glorieuse carrière de la firme et à la concurrence des géants Pixar, Dreamworks et compagnie.
Mais bon, le trailer me titillait, entre retour aux sources (des princesses, des chansons, des sidekicks rigolos) et modernité (le sujet, la forme). C'est donc plein d'espoir que je suis allé le voir, en VF faute de mieux. Premier constat : le public. Des enfants bien sûr, et puis... des gays. Bon déjà, forcément y avait mon copain et moi, mais nous n'étions pas le seul petit couple venu voir le Disney de Noël en amoureux. Et je dois avouer que le film est vraiment très très très queer, et ce en partie malgré lui.
Déjà, il y a la reine de neiges, une sorte de princesse habillée comme une drag queen, rebelle au décorum ordinaire, pas de princes ou de conte de fées pour elle, juste du froid, des chansons (niaises) et des fringues démentes. Une vraie drag queen je vous dis. La scène d'émancipation où elle construit son château est juste hilarante si on la regarde de ce point de vue. C'est too-much, mais c'est ça qui est bon, on dirait un clip de Céline Dion ou de Beyoncé quoi, on est juste devant une diva qui se la pète et c'est assez génial. Et puis bon, les personnages masculins sont tous des stéréotypes gays et les sidekicks jouent dans la surenchère suggestive. Le nombre de dialogues à double sens est assez effrayant. Et le coup du "sauna" m'a achevé. Au passage, si vous pensez que j'hallucine, lisez l'article sur rue 89 qui détaille les symboles vaginaux du film, c'est encore plus tiré par les cheveux même si j'avoue que dans le film je me disais souvent que c'était rien qu'une grosse frigide.
Bref, revenons au Disney, à la féérie, aux petits rennes mignons tout ça tout ça. Le film démarre sur les chapeaux de roue : première séquence chantée, musclée, belle et forte, 3D superbe, rien à redire, c'est un enchantement. La première demi-heure est très réussie, la firme renouant avec la cruauté et l'émotion qui ont fait sa force : mort des parents assez scabreuse (pour un public enfantin), pouvoir d'emblée montré comme dangereux, enfances solitaires... J'aime vraiment l'installation du récit. Par la suite il y a des baisses de régime dans le scénario et la plupart des chansons sont soit niaises soit insupportables, mais je pense que la VF y est pour beaucoup. En revanche, la mise en scène rattrape bien souvent ces défauts avec plein d'idées réjouissantes, comme ces jeux avec les tableaux célèbres lorsque la jeune princesse se rêve aux bras d'un prince. Petit coup de gueule en passant, le film est donc accidentellement queer mais très prout prout traditionnel sur le reste, il s'agit pour la bonne princesse de trouver son prince et gna gna gni et gna gna gna. Bon certes, celui qu'elle trouve est un enculé monumental et du coup c'est assez réjouissant même si du strict point de vue du scénario ce n'est pas du tout crédible.
Donc, après quelques aventures montagnardes et plutôt drôles avec l'autre prince charmant (le roturier, bonjour cliché) du film, décidément plutôt prévisible sur ses enjeux, retour au royaume de départ pour quelques retournements de situations un peu grotesques mais divertissants, et un dénouement assez beau, émouvant, très graphique, et qui durant un instant laisse entrevoir une issue tragique qui eût été assez parfaite. Bon bien sûr au final il y a un miracle, les méchants perdent,les gentils gagnent et tout le monde chante, on est dans un Disney faut pas rêver, mais quand même.
Ainsi, malgré les défauts du film (principalement le scénario faussement moderne et très balisé, ainsi que des trolls laids et inutiles, trop régressifs et vite oubliés par le film; puis la musique), on passe un plutôt bon moment grâce à la qualité de l'animation, quelques moments vraiment drôles, une belle 3D et des soupçons de modernité (le personnage de la reine des neiges, au final assez moderne, elle, contrairement à sa cruche de soeur).