J'ai rarement vu un Disney aussi particulier que celui-là. L'histoire se place sous la forme d'un conte à la limite du celtique, ce qui n'est pas sans rappeler Rebelle: on y trouve le mythe de la forêt enchantée, de la rivière loin au Nord qui dirait la vérité, des quatre éléments qu'il faut vaincre pour passer ... tout ça digne d'une reprise enfantine de légendes arthuriennes, le genre de trucs qu'on aimerait qu'on nous raconte le soir quand on se blotti sous la couette. Une thématique, bien qu'elle puisse surprendre, annoncée dès le début du premier film avec la musique "Vuelie" qui rappelle celle des esprits de Frère des Ours.
En dépit de cette base enfantine, le film aborde des sujets très profonds et adultes, avec un sous-texte clairement perspectible (je précise que je l'ai vu en vostfr, et en remarquant la différence du script et des sous-titres en français, ce côté dur ne ressors peut-être pas aussi bien dans la langue de Molière).
La thématique d'Olaf est celle de la peur de grandir, et que les choses que l'on aime s'en aillent, et nos héros partent au début du film sur l'importance de profiter de ces moments doux, que l'on ne peut pas congeler, et de s'ancrer à des personnes qui permettent de se retrouver comme si les choses ne changeaient jamais.
La thématique de Anna est beaucoup plus grave, car elle aborde à la fois les relations toxiques, comme celle qu'elle a avec sa soeur qui la fait s'oublier, se mettre en danger, alors qu'elle se pose comme le personnage le plus responsable de tout le film ("on ne se marie pas avec un inconnu" du premier étant cette fois remplacé en inverse par "promettre des choses trop grandes n'est pas une chose sage") et qu'on commence à voir qu'elle a beaucoup plus de capacités que sa soeur a gouverner, prendre de bonnes décisions et entretenir de bonnes relations avec son peuple.
Sa deuxième thématique est celle du deuil, donnée par la chanson "The Next Right Thing", avec des paroles qui reviennent fréquemment lorsqu'une personne doit se remettre de la mort d'un de ses proches :
"I won't look too far ahead
It's too much for me to take
But break it down to this next breath
This next step
This next choice is one that I can make"
Pour une des premières fois dans un Disney, on parle de la mort, la vraie, d'un de ses personnages principaux, "I'm ready to succomb"
Kristoff aborde la thématique de l'amour et de la place que ça a dans la vie d'une personne, et montre que oui, parfois une relation peut souffrir d'éléments extérieurs, et que dans ces cas là une personne ne peut parfois que soutenir en attendant que les choses aillent un peu mieux, et que l'amour n'est pas forcément le TOUT dans la vie d'un couple.
L'axe Elsa n'est pas forcément le plus intéressant (moins que celui d'Anna à mon goût), mais il élucide un des mystères principaux du premier film, et lui donne une personnalité plus remplie. Il montre que malgré la présence de personnes qui l'aiment et qu'elle aime, parfois ne pas se sentir à sa place auprès de ses proches arrive, et que sa quête personnelle doit être résolue, d'autant qu'elle semble préférer la solitude au règne.
Au final, Frozen II fait grandir et montre la diversité et la divergence des choix de vie.
Un des gros points bonus pour Frozen II est l'humour: moi qui détestait Olaf dans le premier, son comique a fait mouche quasiment à chaque fois et on a entendu plus d'une fois des rires dans la salle.