Le masqué, Disney et 2019 : une association qui ne restera sans doute pas dans les annales.
Et La Reine des Neiges II, hé bien, ce sera pareil.
Pourtant, Disney livre à nouveau une copie parfaite niveau technique, tout en délocalisant quelque peu son nouvel opus dans un environnement automnal superbe et chamarré. Certaines pistes explorées par le scénario semblent pleines de promesses et d'attraits, aussi. Tout comme cette quête des origines pavées de superbes images évocatrices, fortes et tutoyant une certaine forme de grâce et d'épure. Ou les atermoiements d'une héroïne en plein doute baignant dans une étrange ambiance dark. Ou encore le traitement plutôt fin des liens de sororité entre Anna et Elsa.
Mais est ce que tout cela masquera le fait que le studio s'y prend comme un manche pour exécuter la suite de son succès ?
Pas sûr.
Car le spectateur pourra vite se rendre compte que, dès le début de l'aventure, quelque chose cloche.
Car pendant les interminables premières minutes de La Reine des Neiges II, on lui assène plein de choses, plein de conflits de manière extrêmement artificielle, symptôme qui ne fera que croître tout au long du film. L'arbitraire dans toute sa splendeur. Enfin, quand on ne nous parle pas de certains faits qui jamais ne trouveront d'explication dans la suite du film. Et il devient évident que les scénaristes sont pris constamment en flagrant délit de tricherie et de dissimulation pour faire avancer une intrigue light et, de manière paradoxale, pourtant plombée de séquences gratuites ou inutiles.
Comme si le scénario n'avait pas été révisé, débarrassé de ses lourdeurs inhérentes à tout premier jet erratique et désordonné, mais pourtant traversé de fulgurances qu'il aurait fallu affiner, travailler et polir. Ainsi, faire appel aux quatre éléments évoqués dans le film était plutôt bien vu, dommage seulement qu'ils soient si mal exploités et que dans un réflexe, le spectateur se dit bien avant qu'une des héroïnes ne l'annonce, qu'il y en aura immanquablement un cinquième.
Et là, on se rappelle subitement que Mickey, il ne sait compter que jusqu'à quatre sur ses doigts...
Mais surtout, malgré ses grandes oreilles, la souris doit aussi être devenue sourde, tellement les chansons convoquées sont soit d'un anonyme à pleurer toutes les larmes de son corps, soit se transforment en concours de hurlements assez vite désagréables et qui font saigner des oreilles. A ce titre, Dans un Autre Monde relève plus du supplice que du nouveau succès musical que l'on voudrait vous vendre à tout prix. Le Bleu Lumière, une des plus sous-estimées des chansons Disney, peut dormir tranquille...
Question humour, Disney souffle le chaud et le froid, capable de faire rire une salle entière, tout en consternant le temps d'une chanson d'amour que l'on voudrait nous faire passer, sans doute, pour un pastiche du pire des boys band des années quatre-vingt dix. Et au passage, de sacrifier tout simplement la maladresse pourtant attachante de ce pauvre Kristoff.
Et tandis que l'on nous refile la copie presque conforme, sans l'exploiter, du petit caméléon Pascal tout droit sorti de Raiponce, on se dit que si La Reine des Neiges II ne fait pas passer un moment désagréable, le film passe malheureusement à côté de son sujet et de ses ambitions. Malgré les bons points qu'il serait hypocrite de ne pas relever.
Disney se serait-il pris les pieds dans le tapis en se confrontant à un projet casse-gueule ? En ces temps de premières gelées, cela en a tout l'air.
Behind_the_Mask, qui fond dans la bouche, pas dans la main.