Les grandes nuits qui finissent dans un p'tit mouchoir
Valérie Donzelli offre pour son premier film derrière la caméra une adorable comédie foutraque, joliment culottée, joyeusement bordélique et vraiment hilarante (bien qu'inégale) avec cette Reine des pommes inspirée de la jolie chanson de Lio et qu'elle a écrit, jouée, dirigée, composée, chantée, etc...
Actrice formidable mais honteusement sous exploitée depuis son très beau rôle dans Martha Martha de Sandrine Veysset et jusqu'à ce film, la jeune femme a sans doute du se dire qu'elle ne serait jamais mieux servie que par elle même et elle s'est réservé le premier rôle épatant de cette délicieuse comédie complètement décalée. Outre son propre couvert, elle sert aussi la soupe à son ex-boy friend et père de ses enfants, tout aussi mal loti depuis le merveilleux Presque rien de Sébastien Lifshitz et elle offre non pas UN rôle à Jérémie Elkaim, mais bien quatre !
Ajoutez à ces deux là (vraiment formidables !) une incroyable découverte en la personne de Béatrice de Stael et les géniales Lucia Sanchez et Laure Marsac dans des petits rôles et vous obtenez le casting le plus inattendu et percutant de tout le cinéma français de cette année 2010...
Pour l'esprit, pour peu que l'on se laisse prendre au jeu, on navigue entre les comédies branchées des glorieuses eighties (La nuit porte jarretelles et Jeux d'artifices de Virginie Thévenet ou Coeurs croisés de Stéphanie de Mareuil), Jacques Demy pour le coté en-chanté et un Rohmer qui aurait un peu fumé de substances illicites.
L'ensemble est certes bordélique et imparfait mais dégage un tel enthousiasme, exhale un vrai plaisir d'écrire, de filmer, de jouer, de chanter et une telle liberté dans tous ces aspects qu'on serait bien con de bouder son plaisir et de ne pas se laisser séduire par La Reine des pommes !