Trois jours après la mort de Jésus le Nazaréen (Cliff Curtis, bien trop mielleux pour être crébile), son corps disparaît mystérieusement du tombeau où il était enterré. Pilate (Peter Firth) charge le tribun Clavius (Joseph Fiennes) de partir à la recherche du corps. Les convictions païennes de ce dernier vont être mises à rude épreuve lorsqu’il sera confronté à la vérité…
Raconter la résurrection du Christ à travers le regard d’un officier romain, donc païen, a tout d’une excellente idée, tout au moins sur le papier. Seulement, il aurait fallu un réalisateur qui ait la stature nécessaire à l'adaptation cinématographique d'une telle histoire ! Kevin Reynolds n’est donc pas Mel Gibson, n’ayant ni son sens de la mise en scène ni sa foi à toute épreuve, et il a en plus le défaut – involontaire, certes – de passer après le chef-d’œuvre de ce dernier, La Passion du Christ. Ainsi, du film de Gibson, cette Résurrection du Christ n’a ni la rigueur historique, ni la finesse et encore moins la profondeur...
Après une première partie plutôt intéressante et relativement réussie lors de laquelle on suit Clavius, de plus en plus ébranlé dans ses convictions par des indices qui laissent de moins en moins de place à l’ambiguïté, le film s’enlise malheureusement dans sa deuxième partie, dès l’arrivée du Christ (avec un sommet de kitsch atteint au moment de ce lancement de fusée Ariane qui sert apparemment à évoquer le départ de Jésus). Dans sa représentation du Christ et des disciples, Reynolds bascule en effet dans l’anachronisme le plus complet, les montrant comme une bande de charismatiques modernes complètement illuminés (pléonasme), bien loin de l’image donnée par les évangiles. Leur religion n’apparaît plus alors que comme une foi postconciliaire, c’est-à-dire totalement édulcorée, uniquement réduite à une affaire de conscience personnelle et de paix intérieure. De fait, là où, dans le film de Gibson, le discours du Christ prenait tout son sens, rappelant le prix de la souffrance, du sacrifice et de la rédemption, le film de Reynolds réduit la foi à un simple bavardage à base de « laisse parler ton cœur » et de « après cela, je ne serai plus jamais le même » et autres phrases clichés qu'on n'imagine pas trop entendre en-dehors des rassemblements chachas de tous poils, un bavardage trop abstrait pour refléter la réalité de la foi chrétienne, qui se base sur des éléments bien plus concrets que ces quelques (plus ou moins) belles paroles jetées en l’air. Sans parler de Cliff Curtis, mou et doucereux, aussi peu crédible en Jésus que Jim Caviezel l'était chez Gibson. C'est dire qu'on a franchi très allègrement le niveau zéro (dans le sens négatif, s'entend)...
Pour autant, s’il ne cherche malheureusement pas à respecter l’historicité des évangiles, le film ne passe toutefois pas complètement à côté de son sujet, et si on parvient à dépasser une mise en scène plate et des acteurs de seconde zone presque jamais convaincants, on pourra retenir quelques bonnes idées de ce film, notamment dans sa représentation des miracles effectués par Jésus. A commencer par le fait de rappeler que le Saint-Suaire date bel et bien de l’époque du Christ…
Bref, le bilan n'en reste pas moins très mitigé, et au sortir de ce film, on n'en attend que plus impatiemment la version promise par Mel Gibson !