Ouvrons cette critique avec cet avertissement; ma critique ne sera pas basée sur l’exactitude de ce que l’on peut retrouver dans la Bible, ni sur les croyances de quiconque lira ceci, ni les miennes. Risen est en soit une oeuvre de fiction basé sur la Bible, mais n’a aucune prétention d’être canon à celle-ci. C’est ce qui en fait facilement un des meilleurs films sur la résurrection du Christ dans les dernières années. Aucunement biaisée par un agenda de quelconque croyance, on peut simplement apprécier l’histoire d’un homme à la recherche de la vérité.
L’histoire est celle de Clavius, un tribune romain à la recherche du corps de Yeshua, disparu de sa tombe comme on le raconte. Clavius, n’adhérant pas à la théorie du Messie, comme une investigation dans le monde du prophète, découvrant ainsi les gens qu’il a touché et les motifs peu nobles qui ont menés à sa crucifixion. On ne parle pas de miracle, ni de quelconque phénomènes surnaturels, simplement de faits. On n’ignore pas les histoires, mais tel un homme logique, Clavius ne les prends pas en compte, jusqu’au moment où il décide de choisir la foi. Pour certains, cette histoire est trop américanisé, avec de typiques scènes d’interrogations qui deviennent de plus en plus corsées, le détective qui regarde le sol à la recherche d’indices et le méchant Pilate, corrompu et aveuglé par la luxure. Sauf qu’en empruntant des chemins plus familiers et en s’éloignant des paraboles, les scénaristes sont capable d’aborder le thème de la foi sans non plus sonner moralisateur ou sans avoir de parti pris. À part pour les noms des personnages, tout ceci aurait pu facilement être une enquête relativement clichée. C’est la mythologie entourant l’époque et la situation qui garde notre attention. Comment le scénario fera son prochain clin d’oeil à un histoire plus agnostique de celle de Jésus.
Malheureusement, la qualité du scénario, même s’il bat de l’aile dans certains aspects, n’est pas reflété dans la grande majorité des performances. Joseph Fiennes se prend pour Batman avec un regard de marbre constant qui, si ce n’était pas de bons dialogues, nous confond complètement sur ses émotions. Les disciples de Yeshua, sensés passer pour soit des ivrognes ou des illuminés, sont en mode over-acting au point où ç’a en est énervant, lorsque l’on voit Tom Felton et Peter Firth offrir des performances dignes de leurs talents. La musique fait aussi dans le “hit and miss” avec d’excellents moments pour les scènes les plus marquantes, mais ensuite une séquence des plus banales n’importe où ailleurs. Kevin Reynolds, le réalisateur, était définitivement un excellent choix, malgré ses précédentes bévues (notamment Waterworld). Son expérience avec l’épique et la fiction dans l’Histoire lui donne la capacité d’offrir un spectacle aux proportions bibliques, égal à l’histoire qu’il présente, sans non plus être quelque chose de grandiose ou d’original. Encore une fois, c’est en restant en terrains connus que le tout fonctionne en ce qui concerne le visuel.
Contrairement à un film à propos de Jésus, on ne termine pas avec une morale, mais plutôt une porte ouverte vers ce que vous voulez voir avec ce film, soit un film sur la foi, soit un film sur des hommes dans un temps où la déception était largement plus facile, de plus qu’elle était souvent motivé par des principes barbares. Avec un esprit ouvert et la possibilité de le voir en grand écran, Risen est un divertissement sans longueurs, avec un ton direct, réaliste et sans artifice, qui n’arrive jamais malheureusement à éclore complètement pour être aussi génial que d’autres oeuvres du même calibre.
Louis-Éric Bacon