Correspondance - Jour 9

---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au dixième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Franky_goes_to_Hollywood/2022160
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --

Bien-aimé,

Le bilan s’alourdit et je dois bien le reconnaître, seul mon obstination têtue me fait encore poursuivre cette enquête pour laquelle j’étais pourtant si enthousiaste encore la semaine dernière.  Ton avis frais et tes encouragements amoureux commencent à me devenir indispensables et j’espère ne plus trop tarder à recevoir de tes nouvelles. 

La Hammer continue de me décevoir. Moins qu'hier, mais ça n'excuse rien. Le film de ce soir, La revanche de Frankenstein est d'une lourdeur incroyable. Non content de mettre les deux pieds dans le plat, Fisher se les essuie sur le joli tapis qu'il avait su broder à la fin de son précédent essai. On commence donc par un massacre dans les règle de la seule chose intéressante de l'opus précédent, reprenant cette sale habitude qu'avait déjà mise Universal Monsters en place, de réécrire à sa guise la fin d'un film pour en développer plus facilement le suivant. Ici encore cela justifie de conserver un acteur dont on aurait pleuré l'absence, mais tout de même... Peter Cushing revient donc, plus diabolique encore que dans sa précédente vie, toujours aussi manichéen... Et donc inintéressant.
Cependant le film nous laisse un espoir, s'orientant vers des personnages secondaires au gros potentiel. De cette jeune fille dont la candeur et la beauté rappellent habilement la danseuse gitane de Frankenstein rencontre le loup-garou, à cet assistant qui aurait pu joliment osciller entre la foi en son maître et un doute légitime sur la moralité de ses expériences, le scénario aurait pu bien tourner. Mais rien n'émerge de toutes ces promesses. Le film se vautre dans un scénario plutôt inerte, n'exploitant aucun de ces potentiels, ni des nouveaux personnages, ni de quelques fausses pistes pourtant prometteuses qui essayent parfois d'éclore. Ce à quoi s'ajoute en plus une mise en scène extrêmement lourde, prenant désagréablement son spectateur pour un con.
Cependant, et c'est là que reposent mes maigres espoirs pour la suite, la créature progresse. De simple brutasse stupide, la création de Frankenstein acquiert dans cette suite un début d'essence humaine. Cela passe, malheureusement, surtout par un rencontre avec son ancienne enveloppe, paralysée, nous tirant donc facilement un peu de compassion. Compassion qui ressaisi le spectateur qui aurait eu l'impertinence de la perdre lorsque ladite paralysie reprend le pauvre hère dans sa nouvelle enveloppe charnelle. Malédiction éternellement renouvelée, comme celle pourrait-on imaginer qui pèse sur le Dr. Frankenstein -c'est d'ailleurs ce que suggère la fin, étrangement assez habile, bien qu'encore une fois lourde dans sa façon de vouloir être bien sur que même le plus stupide des spectateur comprendra bien ce qui se passe.

Lycaon, je stagne et je m'ennuie. Je pense que je vais m'arrêter. Mon enquête n'était peut être pas une si bonne idée qu'il y paraissait. Et avec ces monstres qui menacent réellement ma meute, je n'ai pas tant de temps que ça à consacrer à des monstres imaginaires. Entraîner mes louveteaux devient plus qu'urgent.

Je penses à toi toujours,
H.