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Suite au succès inattendu de A Nightmare on Elm Street en 1984, New Line a mis en chantier une suite sans attendre, quitte à rusher toutes les étapes de la production. Le script qui a résulté de cette urgence a été jugé mauvais par Wes Craven qui ne rempilera pas, laissant la place à Jack Sholder, dont le plus haut fait d’arme reste sans doute le sympathique et B The Hidden.


L’un des problèmes majeurs de cette suite à la va-vite est son exploitation du gimmick, à savoir le danger qui vous guette si vous vous endormez. Un principe scénaristique qui, déjà dans le premier film, force une rythmique qui enlève à peu près toute tension. On alterne ainsi cauchemar, réveil en sueur, scène d’enquête insipide (et redondante) dans le monde réel, et à nouveau le sommeil que l’on déguise comme une scène du réel avant que quelque chose ne cloche. Et rebelote, ad nauseam. Si cet opus tente de casser cette boucle dans sa dernière partie en invitant le boogeyman chez les éveillés, cela vient démolir toutes les règles implicites du principe même de la saga en devenir. Freddy’s Revenge tente d’innover sans chercher à parfaire et utiliser les acquis de l'œuvre originale, et se prend les pieds dans le tapis pour finir tête bêche dans la piscine. Il n’est d’ailleurs pas aidé par un casting au jeu simplement mauvais, et des tropes poussifs, tels que celui du parent incrédule poussé ici à un extrême ridicule.


Tout juste retiendra-t-on quelques images sympathiques, comme cette scène de transformation

qui semble vouloir reproduire les mutations lycanthropiques des films de Dante ou de Landis, ce jeu sur la chaleur qui vient faire fondre le décor et suer les ados, ou cet œil sorti des tréfonds de la gorge du héros qui évoque quelque sorcellerie cradingue. Mais ce n’est pas suffisant pour relever le niveau général d’un film somme toute oubliable.


On peut tout de même soulever un homo-érotisme cocassement involontaire que les communautés queers de l’époque ont porté aux nues (enfin, celles qui regardaient du bis). Un héros en lutte contre une force intérieure que son entourage ne comprend pas mais qu’il se doit de laisser s’exprimer, une bromance faite d’amour vache, un prof sado-maso rencontré dans un bar à cuir et achevé sous la douche, des mecs en sueur qui créent des liens tels les volleyeurs de Top Gun… Tous les ingrédients d'une frustration du placard qui ne demande qu'à être ouvert.


Mais bon, ça ne fera pas rentrer le bousin dans la postérité.


Frakkazak

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