Oulalalah, c'était encore plus catastrophique que dans mes souvenirs. L'horreur french touch, c'est quand même grandiose. Dans un cadre tellement typique, tourné pas très très loin de chez moi (la Ferté Bernard, dans le Perche Sarthois, en dessous de l'Orne), nos 3 mortes-vivantes souffrent d'une famine financière qui fait plus peur que leur costume têtes et main (unique). Non-jeu d'acteur à son top, scènes érotiques dont on devinerait sans effort la poursuite en version hard, FX hasardeux (la palme revient à la femme enceinte, effet tellement raté et improbable qu'il en deviendrait presque le plus effrayant par sa suggestion), et surtout, l'élément le plus indiscutablement nanar, le scénario qui n'a vraiment ni queue ni tête.
Le pire, c'est qu'il donne pourtant l'impression de se tenir à peu près pendant une bonne partie du métrage, jusqu'à une fin totalement incompréhensible (à partir du moment où les claquées font du stop et que surgit l'exorciste molotov, on bascule définitivement dans une autre dimension). Mais il faut reconnaitre que la fin "queue de poisson" est en plus la plus cohérente.
Car oui, le twist alternatif offre peut-être l'occasion d'expliquer quelques éléments intrigants disséminés çà et là, mais au prix d'une des résolutions scénaristiques les plus crétines jamais osées, tout en rendant incohérent 90 % du reste du métrage. On se repasse alors avec délectation les précédents scènes en rigolant du non-sens absolu qui y règne. Du grand art.
Pour ceux qui le désirent, voici un rapide topo spoiler :
Lorsque les MV font du stop en pleine journée, elles sont prises par Brigitte qui fuit avec son pognon. Elles retirent leur masque et se parlent entre elles, révélant là leur sombre machination. En effet, tout n'était que mascarade pour pouvoir extorquer les 3 millions à OKF, et quitter cette vie vie rurale minable. Malheureusement, un cocktail molotov vient vite mettre fin à ce doux rêve.
On a donc de bien jolies warriors, prêtes entre autres à dormir dans des tombes, mâcher des bites et violer à l'épée une pute, tout ça pour faire évoluer leur carrière professionnelle. Je ne me lancerai pas dans le relevé des incohérences secondaires à un tel twist, tant ils sont nombreux, mais on peut tout de même avoir une pensée pour le chimiste dont la femme accouche sous la douche par césarienne putréfactoire.
Du très grand art, je vous dis.
Nouvel avis du 15/08/2021
Redécouverte avec un très grand plaisir de cet obscur classique du film de zombies campagnard à la Française. La Revanches des mortes-vivantes allie à la perfection drame rurale, esthétisme COGIP, manifeste écologiste, machinations de bureau, érotisme de bas étage, horreur gorasse fauchée et surtout, un scénario tellement alambiqué qu'il confine au génie de l'inintelligible. Un éclair de lucidité semble d'ailleurs traverser la superviseuse allemande (parfaite Madame Schwartz) quand, avertie des complications spectrales de son activité industrielle, elle s'exclame avec son teuton accent : "ces explications sont incohérentes".
Et plus le film progresse, plus le spectateur attentif se prend des uppercuts de nawak, certains éléments scénaristiques paraissant avoir été écrits en cours de route, quitte à vider de sens tout ce qui s'est déroulé auparavant, jusqu'à l'ultime twist finissant à coups de chaine de moto les quelques neurones encore en vie. Rendons néanmoins à Brigitte ce qui lui revient dans ce domaine : assistante de direction manigançant comme une forcenée pour être calife à la place du boss et piller allégrement la boite, elle enquille des plans dans les plans, dans toutes les directions possibles, tissant une toile chaotique d'intrigues dont la tentative de synthèse donne de sérieux vertiges. Sans compter les sub-plots parallèles jamais vraiment expliquées (le chimiste et sa femme enceinte).
Les acteurs évoluent comme ils le peuvent au sein de ce sympathique marasme et les dialogues sont magnifiques de banalité, avec quelques envolées lyriques notables ("Sonia ? C'est la pute du pays"). La post-synchro redoublée achève de donner un aspect irréel aux réactions souvent anesthésiées des personnages (que d'émotions dans le regard vide du directeur Alphan quand il est informé de la mort de son épouse). La Revanche des mortes-vivantes se pose ainsi en kitscherie purement frenchie et bénéfice d'une splendide restauration par le Chat qui fume dans sa réédition BR, avec moult bonus. Incontournable.