2009, le tribunal pénal international de La Haye s’apprête à juger le général Goran Duric pour crimes contre l’humanité lors du conflit des Balkans au milieu des années 90. Le procès est hautement médiatisé car Duric, avant son arrestation, briguait le poste de président de la Serbie. La procureure Hanna Meynard (Kerry Fox, «Bright Star») mène l’interrogatoire et fait appel à son témoin clé, un certain Alen Hajdarevic, mais rien ne se passera comme prévu. Le réalisateur allemand Hans-Christian Schmid dresse un portrait glaçant et malheureusement lucide sur l’appareil judiciaire international en charge des crimes de guerre. Quinze ans après ce terrible conflit, rien ne semble réglé, le réalisateur nous fait parcourir d’anciennes provinces où les stigmates de la guerre sont encore présents, pire, où les brasiers de la colère et de la haine couvent toujours sous des semblants de démocratie. Hans-Christian Schmid ne dénonce pas le tribunal indispensable au bon fonctionnement d’une Europe qui doit aller de l’avant, mais il fustige à juste titre cette même Europe prête à tout, même à brader ses valeurs de justice et de droit en négociant avec d’anciens criminels de guerre au nom de la diplomatie, au nom d’une Union Européenne qui n’est finalement pas très unie. L’histoire nous le prouve aujourd’hui. Mais Hans-Christian Schmid resserra son récit et passera de la communauté quelle qu’elle soit à l’individu en rendant hommage aux martyrs de cette guerre à travers Mira (magnifique Anamaria Marinca), rescapée et témoin de la folie des hommes. Au nom de toutes les victimes, Mira puisera en elle les forces nécessaires pour faire face ce passé terrifiant que le tribunal viendra réveiller comme une vieille blessure lancinante.