Sorti en 1961 et réalisé par Robert Enrico, La Rivière du hibou est un court métrage de 28 minutes qui joue sur la mort. C'est une tragédie humaine, puisque le condamné à mort par pendaison, revoie sa vie ou tout du moins une vie alternative lors de son exécution. C'est un film plus ou moins jumeau dans ses thématiques avec Le Vieux fusil, l'un se passe durant la guerre de sécession et l'autre durant la seconde guerre mondiale, l'un montre une vie de couple heureuse en flashback et l'autre montre les retrouvailles du condamné avec sa femme dans une réalité alternative.
Dés les cinq premières minutes, le film vous met dans l'ambiance avec ce long traveling dans la forêt. La Rivière du hibou fait la part belle au silence, puisque les lignes de dialogues se comptent sur les doigts d'une main. Pour son film, le réalisateur installe une ambiance étrange, presque onirique, une ambiance propice à la rêverie qui sied bien au personnage principal. Chez l'homme, l'imagination est sans limite, c'est un échappatoire à une destinée funeste et au jugement dernier. Presque tout le film se passe dans la tête du condamné à mort. C'est un film d'évasion, ici une évasion mentale, pour échapper à une réalité inacceptable, celle de la mort.
La Rivière du hibou a reçu de nombreuses récompenses en son temps. Il est étudié dans tous les cours de cinéma et Steven Spieberg le cite même en exemple. Le film mérite amplement sa flatteuse réputation, le noir et blanc est magnifique, la mise en scène est pleine de tension et le final vous prend aux trippes.